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LE DEV0IR DE MEMOIRE

ELECTI0NS 2005 : CLÉ DU PARADIS PERDU OU PRÉLUDE A UN TYPH0N ?

Maître Paul LUKUNKU KANYAMA

Le 31 décembre 2004, Kinshasa a connu une animation inhabituelle. Des quatre coins de la capitale, le peuple avait pris d'assaut le centre de la Ville. En effet, dans chaque famille, les responsables avaient immobilisé l'imagination afin de trouver, malgré un pouvoir d'achat proche de zéro absolu, de quoi réjouir les siens et ainsi marquer la fin de l'Année 2004 et le début du Nouvel An 2005. Miracle Congolais !

Cette agitation populaire n'avait toutefois pas éludé une question qui hante plus d'un Congolais : les Élections 2005 seront-elles, pour le peuple, une Clé du Paradis perdu ou Prélude à un Typhon ?

Avant d'aborder notre sujet, il est important de définir, au préalable, certains concepts majeurs y afférents. Il s'agit de : Élections, Paradis perdu, Prélude et Typhon.

Le mot Élection est défini par le Dictionnaire Le Petit Larousse comme un choix fait par la voie des suffrages. Ainsi, l'élection politique est la désignation des dirigeants par le moyen d'un vote. Ceci représente l'un des modes de l'exercice de la souveraineté par le peuple. Celui-ci, en sa qualité de souverain primaire qui détient l'imperium, choisit, par la voie des urnes, des hommes et des femmes capables pour le représenter en exerçant le pouvoir politique en ses lieu et place.

L'expression Paradis perdu désigne un lieu qui réunit toutes les conditions d'un bonheur total dont l'homme avait perdu la jouissance.

De l'avis de tous, la République Démocratique du Congo est comparable à un « Paradis terrestre » eu égard à sa géographie et à ses potentialités économiques.

Géographiquement, la superficie de cet État est parmi ceux que l'on appelle pays sous-Continent. En outre, il est placé quasiment au centre du Continent Africain. Cette position lui donne une capacité de puissance qui a poussé l'écrivain Frantz Fanon à comparer l'Afrique à un revolver dont la gâchette serait le Congo/Kinshasa. Cette situation au centre du Continent met, en principe, la République Démocratique du Congo à l'abri des envahisseurs étrangers. Il est à noter que notre pays bénéficie également d'un désenclavement naturel qui débouche à l'ouest, sur l'0céan Atlantique et, à l'est, grâce au Lac Tanganyika, l'on accède facilement à l'0céan Indien.

Par ailleurs, la République Démocratique du Congo a une grande diversité. Pays de collines et des montages mais également celui des plateaux et cuvettes, sa diversité s'observe aussi à travers sa faune et sa flore comptées parmi les plus riches et les plus rares du monde.

Enfin, la République Démocratique du Congo bénéficie pareillement d'un climat tropical au centre et à l'ouest, du climat tempéré au sud et à l'est.

S'agissant de l'économie et eu égard à ses ressources naturelles, la République Démocratique du Congo a été qualifiée tout simplement d'un scandale géologique. En effet, ce pays contient en son sein toutes sortes de minerais et des pierres précieuses. D'autre part, il possède, outre le pétrole, l'un des plus puissants barrages hydroélectriques du monde. A telle enseigne que le savant CHEICK ANTA DI0P, envisageant le développement de l'Afrique dans l'une de ses nombreuses thèses, avait soutenu que celui-ci devrait partir nécessairement de la République Démocratique du Congo qui est l'un des pôles de développement de l'Afrique.

A côté des richesses naturelles de son sol et sous-sol, la République Démocratique du Congo jouit d'un autre avantage. Il s'agit des ressources humaines aux capacités multiples. Ses différentes tribus forment en fait une mosaïque dont les potentialités sont loin d'avoir dit leur dernier mot.

Ces richesses fabuleuses du pays suscitent des envies. Quoi d'anormal ? L'histoire des guerres d'invasion ne date pas d'aujourd'hui. Ce sont des appétits propres de l'homme. La leçon à tirer, c'est la capacité d'organisation à défendre son territoire. En visionnaire averti, le Général De Gaulle au moment du retrait de la France du Traité de l'Atlantique Nord a justifié l'attitude de la France par cette phrase restée célèbre : « Quelque soit le verre que l'on nous tend, nous préférions boire dans le nôtre, si petit soit-il ».

Gratifiée ainsi par le Créateur, comment justifier que la République Démocratique du Congo qui devait être un vrai Paradis terrestre est plutôt un Enfer et son peuple l'un des plus pauvres de la Planète ? A telle enseigne que le peuple Congolais offre l'image d'un misérable assis sur une mine d'or. L'énigme est de taille. 0ù et comment trouvera-t-on la Clé de ce Paradis perdu ? A ce jour, l'opinion pense retrouver cette Clé par le biais des Elections prévues en 2005. Mais en es-t-on sûr ? Et quelles en sont les conditions ?

Avant de se pencher sur cette question, il semble judicieux de terminer d'abord avec la définition des différents termes comme annoncé ci-haut.

Le mot Prélude  est défini par le Dictionnaire Le Petit Larousse comme ce qui annonce ou ce qui précède ou enfin ce qui fait présager. Tandis que le même Dictionnaire définit le Typhon  comme vent tropical très violent.

Ce vocabulaire étant défini, dans quelle mesure les élections qui, par nature, sont considérées comme une valeur positive, peuvent-elles faire présager un Cyclone en République Démocratique du Congo ?

En d'autres termes, les Élections prévues au 30 juin 2005 vont-elles nous permettre de refaire de notre cher et beau pays ce Paradis terrestre ?

Qu'il nous soit permis de donner ici une réponse à la bretonne c'est-à-dire par oui et non à la fois, et ce en fonction de notre agissement. Ce qui va nous amener à diviser notre sujet en deux parties principales que voici :

Ière Partie : Les Élections de 2005, une chance pour le redecollage de la R.D.C.
IIème Partie : Les Élections de 2005, un risque d'explosion de la R.D.C.
Voyons donc maintenant ce qu'il en est.

Ière Partie : Les Élections de 2005, une chance pour le redecollage de la

République Démocratique du Congo.

De prime abord, nous tenons à préciser que l'attention de toute la nation bien que focalisée sur l'élection présidentielle du 30 juin 2005, doit se rappeler qu'avant cette date fatidique, ont été également programmées les élections municipales et législatives.

Ces fameuses élections font partie de l'air du temps. En effet, de nos jours, l'expression État de Droit est vraiment à la mode, surtout dans l'hémisphère Sud de la planète, plus particulièrement encore en Afrique Subsaharienne.

Ainsi, pour qu'un État soit fréquentable sur la scène internationale, il doit satisfaire aux exigences d'un État de droit parmi lesquelles il y a le respect de l'alternance politique qui elle-même suppose l'organisation des élections libres, transparentes et démocratiques, selon l'expression consacrée.

Pour revenir à notre pays, voulant mettre définitivement fin à la tension politico-militaire qui y a prévalu pendant des années, les protagonistes du Dialogue Inter Congolais avaient signé à Pretoria, en République Sud-africaine, au mois de décembre 2003, un Traité appelé Accord Global et Inclusif.

Ledit Accord prévoyait une période de transition de deux années pouvant être prolongée de six mois renouvelables une fois et au terme de laquelle seraient organisées les élections précitées, lesquelles seront à la base de l'instauration de la 3ème République.

Mais ces élections sont-elles vraiment une panacée, une solution miracle à nos problèmes légendaires ? Au lieu de répondre tout de go, il serait plutôt intéressant de se référer un peu à notre Histoire pour comparer les différentes situations que nous avons connues de par le passé.

Déjà, à l'annonce de l'Indépendance, en 1960, les gens avaient crû à l'avènement d'un Paradis terrestre. Ils ont exulté en chantant et en dansant au rythme de « Indépendance CHA-CHA ». Le peuple Congolais croyait le plus sérieusement du monde que le leader politique Congolais allait enfin lui donner « la lune » promise. Mais malheureusement, déjà à cette époque, le peuple avait déchanté et l'illusion s'était éclipsée.

S'agissait-il déjà d'un Paradis perdu ? Ensuite, nous avons connu différents forums et conclaves jusqu'à la Conférence Nationale Souveraine qui n'ont pratiquement rien apporté comme solution fondamentale.

Il importe donc , en ce moment où le peuple Congolais réclame la tenue des Élections, de garder la tête froide et de s'interroger sur les causes d'échecs de ses différents rendez-vous du passé.

A première vue, nous pouvons affirmer que ce n'est pas l'argent qui avait manqué. Le poids énorme de la Dette extérieure du pays en témoigne. D'autre part, les richesses fabuleuses que regorge la République Démocratique du Congo devaient faire de ce pays un vrai Paradis. Le problème Congolais est ailleurs. Il réside essentiellement dans l'homme Congolais lui-même. En effet, celui-ci a des tares qui compromettent sérieusement le développement du pays ainsi que nous l'avons démontré dans nos articles antérieurs. Il s'agit de l'absence d'un idéal, d'un sens du bien commun ; de la recherche effrénée de l'intérêt individuel au lieu de celui de la Nation. En outre, le politicien et le dirigeant Congolais n'a aucune éthique. S'il aspire à un poste, ce n'est jamais pour servir mais plutôt pour se servir. Par contre, il ne se souci guère de penser le pouvoir, c'est-à-dire de rechercher les voies et moyens de mieux l'organiser ainsi que les conditions rationnelles de l'exercer. L'accession à un poste politique est qualifiée plutôt d'une aubaine et la jouissance de ses avantages une finalité. Au demeurant, la rationalité de la fonction politique reste la moindre de ses préoccupations.

Pour parler des Élections prévues en 2005, nous estimons qu'elles pourraient représenter une chance de redecollage dans la mesure où elles nous fourniraient un pouvoir légitime lequel, grâce à sa légitimité, pourra s'atteler à la tâche titanesque qui l'attend pour relever ce pays.

Ce point implique celui, combien primordial, de la place de l'homme dans la gestion de la Chose Publique.

Il importe donc, pour parvenir au bien-être, de faire prévaloir, une fois le pari des élections gagné, le facteur humain sur le potentiel économique.

Pour être performant, l'homme devra être évalué avec la rigueur qu'exige la rationalité. 0n évitera par là les anti-valeurs propres au népotisme et au tribalisme.

Ainsi pour retrouver le Paradis perdu, nous pensons que les élections ne sont pas une fin en soi. Il faudrait, en outre, mettre l'intelligence humaine au service de la créativité. Inculquer à l'homme Congolais le culte du travail, la discipline individuelle et collective ainsi que l'organisation en tant que mode de vie et méthode de travail.

Les Congolais devront se mettre au travail et cesser de se comporter en enfants gâtés par la Nature. Malgré les potentialités dont le pays disposent, ils devraient imiter l'exemple des Israéliens. Ceux-ci considérés comme peuple de Dieu ayant hérité de la Terre promise, se sont mis laborieusement au travail pour enfin transformer des espaces désertiques en champs fertiles. Ne dit-on pas que « Aide-toi, le Ciel t'aidera ».

Devoir de mémoire oblige. Nous aimerions rappeler que les délices du Paradis perdu ne sont pas totalement inconnus du peuple Congolais. Ils ne sont pas du domaine de rêve.

Il est normal, dans la vie d'une nation, de connaître un temps de gloire et ensuite vivre les affres de la régression. Il y a eu une époque où notre pays était une Référence et le citoyen Congolais respecté dans le monde. C'était l'apogée. La situation actuelle en témoigne par l'absurde. C'est dire qu'avec une volonté politique bien affirmée, le peuple Congolais dont la créativité n'est plus à démontrer, est capable d'amorcer la remontée du gouffre vers le soleil et la lumière et sonner ainsi l'heure de sa renaissance.

La fierté nationale devra trouver dans ce passé glorieux le point d'appui et les raisons d'espérer. Il y a cependant une condition pour ce faire. Le peuple devra se mettra courageusement au travail. Un travail assidu qui abat tous les obstacles, selon la vérité de la Rome antique.

Ceci étant dit, voyons maintenant ce qui pourra arriver dans notre pays aux lendemains des Élections de juin 2005.

IIème Partie : Les Élections de 2005, risque d'explosion de la République

Démocratique du Congo.


La situation de notre pays ressemble à celle d'une personne poursuivie par le signe indien. A chaque fois que nous pensons voir le bout du tunnel, nous replongeons au fond du gouffre.

En 1960, aux lendemains des élections législatives remportées par le parti de Patrice Emery LUMUMBA , des troubles sociaux ont secoué sérieusement la tranquillité du pays. A titre d'exemple, on peut citer les fameuses sécessions de certaines provinces.

Au nombre de ces rendez-vous manqués, l'on peut citer également les espoirs suscités en 1992 par la tenue de la Conférence Nationale Souveraine qui se sont révélés vains.


Ensuite, il y a eu la libération-révolution apportée par l'AFDL en 1997 qui s'est évaporée comme une peau de chagrin. Enfin, l'euphorie suscitée par la tenue du Dialogue Inter Congolais en Afrique du Sud est entrain de s'étioler comme du sel dans l'eau.


En passant, il est permis de se demander si les personnes qui ont suggéré encore la date du 30 juin pour la tenue des Élections en 2005 ont-elles été vraiment bien inspirées. Car, à bien voir, cette date n'a jamais porté bonheur à notre pays. A moins qu'ils nous rassurent qu'ils possèdent les talents de Madame S0LEIL, une devineresse française très célèbre. Au jour d'aujourd'hui, devrions-nous encore nous permettre d'autres chimères ?

A propos des Élections dont question, nous ne disons pas que leur tenue soit une mauvaise chose pour notre pays. Bien au contraire. Mais ce que nous préconisons, c'est que ce moment décisif de notre destinée ne soit pas pris à la légère ou avec naïveté comme autrefois. Il ne faudrait pas que ces Élections soient organisées pour la bonne forme, juste pour contenter le peuple Congolais et sans aucun impact sérieux sur le devenir de notre pays. A l'instar d'un enfant à qui l'on donnerait une sucette juste pour le faire taire.


Les dirigeants d'aujourd'hui devraient se garder de tomber dans cet écueil auquel le pouvoir colonial d'hier n'avait pas échappé. En décidant de donner l'Indépendance à sa Colonie, ce pouvoir avait plutôt cédé à la pression populaire. Et la violence de cet ouragan a failli emporter le pays tout entier.


En effet, au 30 Juin 1960, aucune condition valable n'était remplie par le pays qui accusait un manque total des cadres universitaires. D'autre part, on avait pas non plu formé une main-d'œuvre qualifiée en nombre suffisant. La classe d'évolués totalement inexpérimentés dans la gestion de la Chose Publique mais assoiffée de pouvoir, balaya d'un geste de la main le Plan VAN BILSEN. Aucun des délégués à la Table Ronde de Bruxelles ne se soucia d'un programme économique à appliquer au lendemain de l'Indépendance. Ainsi, dès le départ, le politicien banalisa les affaires de l'État. Et le Congo était mal parti, selon le propos combien justifié de l'Écrivain Français René DUM0NT.


Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, il faudrait se garder de tomber dans les erreurs de jadis en organisant les Élections de 2005 sans tenir compte des conditions optimales de réussite. En outre, Il faudrait éviter d'engager inutilement une querelle sur les dates.


Sans vouloir retarder à tout prix les élections que nous souhaitons de tous nos vœux, nous estimons cependant que celles-ci ne doivent pas se faire dans la précipitation. Leur réussite dépend des préalables auxquels l'on devra satisfaire. Nous pensons qu'il faudra résoudre d'abord deux ou trois écueils ci-après.


En effet, il y a d'abord la préparation tant matérielle que morale des élections qui est à faire. Par exemple, les lois et règlements qui devraient accompagner ces élections ne sont pas encore pris. Il s'agit notamment de la loi sur la nationalité, le vote du budget relatif aux opérations de ces élections, le recensement de la population, etc. Ces tâches demandent du temps. Il faudrait éviter de les bâcler au risque de s'enfermer dans un cercle vicieux.


Ensuite, il y a le défi de la restructuration de notre Armée qui se pose en préalable inévitable. En effet, si ce préalable n'est pas pris sérieusement en compte, cela risque d'hypothéquer la bonne fin de ces élections. Car, en fait, c'est tant l'Armée que la Police qui seront amenées à faire respecter les résultats des urnes.


Ainsi, nous attendons que les autorités compétentes en cette matière fassent preuve de leur bonne foi en mettant en place une Armée nationale, républicaine et intégrée. Ce qui aura l'avantage de mettre par là même fin à l'existence des milices fidèles à leur Composante. Car, sans volonté politique honnêtement affirmée, tout discours actuel sur les Élections reste du vent. Pure chimère.


Considérant cette situation, la Commission Électorale Indépendante, Autorité compétente en la matière, a récemment déclaré par la bouche de son Président que les élections prévues pour le 30 juin pourraient avoir lieu plutôt au mois d'octobre de la même année. Cette déclaration s'est révélée malheureuse, car elle a dû occasionner des vagues furieuses et des victimes inutiles au sein de la population Congolaise.


Enfin, bien négocié, ce tournant décisif de notre Histoire implique également que, d'ores et déjà, les opérateurs politiques s'attèlent à la tâche d'instruire le peuple sur le sens de la Démocratie. Il s'agit, comme l'exige par ailleurs Monsieur Jean-Pierre KIWAKANA dans son interview donnée au Journal Uhuru, de dévoiler les agendas pour l'avenir, de présenter les Projets des sociétés et la vision qui les porte ; de définir l'ossature du programme économique pouvant générer le développement du pays et annoncer un début du bien-être pour les populations. (Uhuru n° 349 du Vendredi 28 au Dimanche 30 Janvier 2005).

Voter est une démarche combien importante. Elle engage la responsabilité historique de chacun et du peuple tout entier et ne devrait pas être basée sur le choix facile qui ne prendrait seulement en compte que des affinités tribales ou régionales ; au risque de reconduire les troubadours d'hier qui ont plus d'un tour dans leur sac pour refaire toujours surface. Le peuple devra être suffisamment informé afin de choisir des hommes décidés à opérer une véritable révolution de mentalités portant essentiellement sur la bonne gouvernance.

Le sérieux avec lequel les politiciens Congolais prépareront les prochaines échéances électorales témoignera de la conscience qu'ils ont de la dimension réelle de ces enjeux. A défaut de tenir compte de ces impératifs, les Elections à venir que nous voulons tous libres, transparentes et démocratiques resteront un brillant slogan destiné à amuser la galerie. Un peu comme une rengaine du Grand Théâtre de Chez Nous, selon l'expression de Monsieur l'Ambassadeur Roger NKEMA LIL00 relevée dans l'une de ses récentes livraisons.


En guise des conclusions, nous disons que les Élections sérieusement organisées et dont le déroulement se passera sans reproche, pourraient jeter les jalons qui nous permettront de retrouver, quarante années après, les clés du Paradis perdu et annoncer la renaissance de l'Homme Congolais.


Cependant, les Élections n'étant pas en elles-mêmes une panacée, prions le Ciel de nous envoyer un esprit nouveau ayant les qualités supérieures telles que le patriotisme, l'altruisme, la probité, l'excellence, le sens de l'État, etc … pour venir mettre les Congolais au travail qui seul pourra nous redonner ce Paradis.


La leçon de Jean de la Fontaine reste d'actualité : «Travaillez, prenez de la peine. C'est le fond qui manque le moins. ». En effet, sans une action volontaire et réfléchie de l'homme, cette Contrée paradisiaque risque de ressembler à un Enfer  peuplé des Damnés de la Terre dont la réaction pourrait faire redouter le pire.

A ce sujet, les évènements du 10 janvier 2005 portent un message fort à l'adresse de tout politicien Congolais. C'était en effet la manifestation unanime de la colère du peuple ; l'expression d'un ras-de-bol à l'intention des dirigeants. Ce déferlement, comparable au cri d'un condamné à mort, souligne à quel point les Elections 2005 incarnent l'espoir de tout un peuple qui s'y accroche comme à la dernière planche de salut. Ne dit-on pas que l'espoir fait vivre.


Bien que les candidats au suffrage en 2005 soient en majorité les mêmes personnes que celles des élections organisées dans le passé, il leur sera demandé toutefois de présenter une conscience nouvelle. Celle de vrais patriotes caractérisée par un engagement ferme à changer le visage du vécu quotidien des citoyens.


L'homme politique Congolais est condamné à relever ce défi. Le combat est dans un style « quitte ou double ». Car, si la classe politique Congolaise échoue aux Élections 2005, elle aura manqué un grand rendez-vous historique. Celui de la dernière chance. Il est fort à craindre que désormais les Congolais ne courent le danger de fatiguer tous ceux qui ont veillé à leur chevet.


Le pays pourrait alors se retrouver dans une zone de tempête pareille à un Typhon qui risque de l'anéantir à jamais. L'Histoire témoigne des Empires entiers qui ont été engloutis dans la nature. A l'écoute du monde, le Congolais doit savoir que le Congo n'est pas le nombril de l'Univers ; la croix du voisin pouvant aussi devenir la vôtre ...

Maître Paul LUKUNKU KANYAMA

Avocat.

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Congoindépendant

Belgique-RD Congo

L'image de Kabila à l'étranger pourrait connaître des « jours difficiles » après les déclarations de Floribert Chebeya 

La RTBF a diffusé dans son  journal télévisé de 13 heures, lundi 11 avril,  les extraits d'une interview du  président de l'ONG « La Voix de Sans Voix », Floribert Chebeya, qui  a fait savoir aux Belges mais aussi au reste du monde que les droits et libertés ne se portent pas mieux sous le régime de Joseph Kabila. Un  fait sans précédent. Jusqu'ici ce genre d'informations était plutôt occulté.

« Les choses bougent entre Kinshasa et Bruxelles ». C'est le commentaire fait par un confrère belge. Les téléspectateurs belges et des nombreux Congolais tant de la diaspora que ceux restés au pays ont suivi, lundi 11 avril, le journal télévisé de la RTBF de 13 heures au cours duquel des extraits d'une interview du dirigeant de l'ONG « La Voix des Sans Voix » (VSV), Floribert Chebeya, ont été diffusés. L'émission était relayée par la chaîne internationale franco-belgo-suisse « TV5 ». Une première. La terre a pu apprendre que les droits et libertés ne se portent pas mieux au Congo-Kinshasa  sous le régime de Joseph Kabila. La situation n'était pas différente sous Mobutu Sese Seko et Kabila père. Chebeya n'a pas manqué de relever l' « échec » au plan social et économique du gouvernement de transition en place depuis le 30 juin 2003. Selon lui, la population serait à l'affût de la première occasion « pour sanctionner » les gouvernants actuels. Il a prédit des manifestations de colère en cas de report des élections. « Il faut craindre que le pouvoir oppose une « répression barbare » à ces manifestations », devait-il souligner. En dépit de leur intérêt, les propos du leader du « VSV » n'ont rien d'événementiel dans le cas qui nous occupe. Plusieurs observateurs et voyageurs en provenance de Kinshasa ou des provinces rapportent tous des faits analogues. Cela va des cas de tortures imputées à des agents de l'Agence nationale de renseignements (ANR) à Lubumbashi ou à Kinshasa à des interventions musclées des éléments de la garde présidentielle (GSSP) dans des « règlements de comptes » entre des opérateurs miniers au Katanga. Sans oublier des cas d'arrestations arbitraires commanditées par des « parents » du chef de l'Etat ou plutôt ceux de son prédécesseur de père. L'événement réside au fait qu'un média public belge ait accepté de relayer une prise de position qui présente le président Joseph Kabila sous une facette moins engageante. C'est un fait nouveau ! Comment est-on arrivé là ? On peut gager que le changement intervenu en juillet dernier à la tête de la diplomatie belge y est pour beaucoup. Sans omettre les incidents successifs qui ont opposés les acteurs diplomatiques des deux pays ainsi que les informations reçues en Belgique sur la mauvaise gestion qui caractérise les pouvoirs publics congolais. En tous cas la politique africaine inaugurée par le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, tranche avec l'attitude protectrice voire « maternaliste » que certains milieux politiques et médiatiques du royaume semblaient développer à l'égards de Kabila fils.

Le parler vrai


Dès son accession au pouvoir le 26 janvier 2001, Kabila a bénéficié en Occident d'un état de grâce à  la limite de la complaisance. L'homme et son entourage savaient joué au chat et à la souris avec la communauté internationale en matière des droits de l'homme. A titre illustratif, le 30 juin 2001, le Premier ministre Guy Verhofstadt se rend à Kinshasa. C'est ce même jour que Kabila choisit d' inaugurer les travaux de la « Conférence sur les droits de l'homme » à l'issue desquels une charte est adoptée. Le nouveau président se donne bonne conscience en ratifiant plusieurs traités sur les droits humains. Sur le terrain, les agents dits de sécurité continuent à se comporter en hors-la-loi, dans l'indifférence générale. Selon nos informations, un journaliste de la radio publique flamande a laissé entendre un jour « off de record » que leur rédaction avait reçu l'instruction verbale de ne pas « trop accabler » le nouveau président de peur d'aggraver la déstabilisation politique au Congo. Notons que les conseils d'administrations des médias publics belges sont dosés à l'image des partis formant la coalition au pouvoir fédéral. « Botika Mwana !». C'est le titre d'un commentaire, sous forme de plaidoirie, paru dans le quotidien bruxellois « Le Soir » du 5 février 2001. Cette publication a la réputation légendaire de s'aligner sur la politique tracée par la majorité au pouvoir. L'auteur, en l'occurrence notre consoeur Colette Braeckman, implorait la classe politique congolaise « de laisser l'enfant travailler ». Il faut dire que « Joseph » est arrivé aux affaires deux années après le retour des libéraux au pouvoir en Belgique. La diplomatie était tenue par le flamboyant Louis Michel. Qu'on le veuille ou pas, en dépit de sa taille, l'ex-puissance coloniale est considérée encore et toujours comme un expert apprécié en matière congolaise. Et le Congo est considéré, à tort ou à raison, comme un pays appartenant à la zone d'influence à prédominance belge. Durant trois ans, le ministre Michel n'a eu que des éloges à l'endroit du jeune président congolais. « Il a une grande capacité d'écoute et d'analyse », disait-il à l'issu de premier contact. En juin 2004,  un libéral flamand qui prend la direction de la diplomatie. Son nom : Karel De Gucht. Un homme réputé friand du parler vrai. Un diplomate atypique. Dès ce moment, la politique africaine de la Belgique, empreinte de bonhomie et de paternalisme, a cédé la place à une diplomatie « sans états d'âmes ».

Des mendiants arrogants


Lors de son premier voyage à Kinshasa, en octobre 2004, De Gucht annonce les couleurs en prenant le contre-pied de son prédécesseur : « J'ai rencontré au Congo des responsables politiques qui m'ont laissé une impression peu convaincante ». C'est l'incident. N'empêche. Rentré à Bruxelles, le ministre enfonce le clou : « Le grand problème en Afrique, et certainement au Congo, c'est la bonne gouvernance. Ceux qui font correctement leur job ne doivent pas se sentir visés. Je ne m'en prends pas personnellement à Joseph Kabila mais plutôt d'une manière générale à tous ceux qui se montrent incapables de diriger le pays ». En novembre, Joseph Kabila refuse, à Dar es Salaam, de recevoir l'outrecuidant ministre. « C'est totalement inacceptable », tonne l'intéressé qui ne comprend pas que le dirigeant d'un pays entretenu par la Belgique affiche une telle arrogance. Un lecteur du « Soir » a même qualifié les dirigeants congolais de « mendiants arrogants ». Kinshasa se ravise. En février, De Gucht est invité au Congo par Kabila en personne. Nouvel incident. En cause, la publication par le service de presse du ministère belge des Affaires étrangères mettant en exergue les origines étrangères de Kabila et du vice-président Azarias Ruberwa. Suite à cette affaire, « Joseph » commet trois erreurs. Primo : il fait attendre De Gucht durant toute la journée avant de le recevoir dans la soirée. Un affront qui serait loin d'être digéré au 15, rue des Petits Carmes. Secundo : les journalistes qui accompagnaient le ministre n'ont pas été admis dans la résidence présidentielle. « Ici, c'est une résidence privée », répondra Kabila à De Gucht qui lui faisait part du mécontentement des journalistes. Enfin : Kabila reçoit la journaliste Colette Braeckman du « Soir » à qui il accorde une interview exclusive parue le lendemain.  A noter que les principaux quotidiens flamands ont publié des larges extraits de la conférence de presse animée le 7 avril par Floribert Chebeya. Une conférence au cours de laquelle Kabila junior a été présenté en prédateur des droits humains au même titre que Mobutu et LD Kabila. Une comparaison infamante pour un homme dont la virginité politique était perçue comme un gage du renouveau. On apprend que les associations congolaises entendent se plaindre auprès de la Commission des droits de l'homme de l'ONU à Genève. Depuis belle lurette cette Commission n'a plus désigné de rapporteur spécial des droits de l'homme au Congo. Et ce, à la suite d'une demande des autorités de Kinshasa.

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A chacun sa démocratie
Blaise Sary
Mardi, 8/2/05

Celle des Européens est un luxe pour les Africains. Ils doivent inventer la leur. Ainsi disait, plus ou moins, Chirac Jacques. Depuis la fameuse conférence de La Baule, il s'est passé en Afrique des inventions ingénieuses des démocraties. Des Présidents élus, puis destitués par des coups de forces ; des Président chassés, puis remis au pouvoir par des urines ; des Présidents qui ne sont jamais partis, mais réélus depuis qu'ils sont au pouvoir ; des Présidents arrivés au pouvoir par la force, puis assassinés, des Présidents nommés pour succéder à leurs pères, morts ou assassinés, etc. Il y a en plus, des Présidents qui attendent d'être remplacés aussi par leurs fils.Echec des transitions vers la démocratie ? Laquelle ? Non. L'Afrique invente. Mais elle emprunte dans ces inventions des styles made in Europe. Des constitutions qui se modifient à gogo. Des régimes taillés à la mesure de ceux qui règnent pour leur permettre de disposer des pouvoirs larges. Des militaires qui se cachent sous les costumes made Yves Saint Laurent. Etc.Le Togo du défunt Eyadema vient d'emboîter le pas. Exit le président du parlement. Vive le fils du Président, Faure Gnassingbé, nouveau président du parlement, désigné durant quelques heures, puis investi successeur du défunt.A la cérémonie d'investiture il y avait : la Libye, le Ghana, le Congo Kinshasa et une partie de la Côte D'Ivoire. On est tous dans le même sac. Et alors? Pourquoi ne pas grossir les rangs pour ne pas être trop seul ? Les autres pays attendent la réunion de l'UA de ce mercredi. Mais cette réunion ne ramènera pas les militaires togolais à la raison. Ils ont pris le pouvoir pour permettre au fils de Eyadema d'achever le mandat de son père jusqu'en 2008.La France et les autres pays occidentaux ont tout juste formulé les vœux de voir les choses se passer conformément à la Constitution. Et les militaires togolais ont eu le temps de faire réviser cette Constitution, avec l'aide des députés.La position de Chirac est affaiblie. Il a déjà perdu quelques militaires dans son opération en Côte d'Ivoire. Il ne peut pas se mouiller deux fois. La prudence impose le devoir de retenue dans ces conditions. Et que deviendra demain ? Embargo ? Ceci n'a aucune importance. Car, le pays était déjà sous la punition de l'Union européenne. L'aide était coupée parce que la bonne gouvernance n'y est pas respectée. Le fils de Eyadema va gérer la routine. Isolesé ou pas, il demeure.

Ce qu'il faut craindre c'est la contamination. Le Congo avait donné le ton. Et voilà que le Togo a suivi le style de cette désignation des fils à papa à la tête du pays. Mais retenons qu'au Congo, il n'y avait même pas un texte de constitution pour s'y référer. Le choix a été justifié. Mais au Togo, on a perfectionné le style. On efface quelques passages et on introduit des corrections pour légitimer la militarisation du pouvoir.

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