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Analyses4

Au revoir Léopold II. Merci de votre visite

S'il faut restituer ces diverses mémoires, il faut alors ériger plusieurs stèles, notamment celles de Lumumba, de Kasa Vubu, de Mobutu, etc. Pour le moment les pratiques veulent que le régime au pouvoir en détermine le choix. Les images de Mobutu ont été très vite effacées des lieux publics. Seul Kabila L. D. est débout dans tous les coins des rues et avenues où trônent ses photos « grand format » ainsi que peintures.
 Il semble donc inconcevable qu'au moment où le régime a besoin de s'affirmer comme « kabiliste », qu'il y ait une autre figure de proue qui va refaire surface. Les stèles ont une âme, une mémoire. Elles véhiculent un symbole.

Eriger le buste de Léopold II, haut de plusieurs mètres et pesant trois tonnes d’acier est un geste suicidaire du pouvoir en place. Les Kinois rêvent de revivre le passé qui leur est conté. Ils savent, certes, que Léopold II était le Roi coupeur des mains. Ils savent qu’il était sans pardon pour tous ceux qui ne rapportaient pas le caoutchouc.
Mais ils savent aussi, à travers les lectures que Léopold II était aussi le bâtisseur des empires. Il a fondé des écoles, des hôpitaux, des routes, des chemins de fer, des usines, des villes, etc. La Belgique a suivi sa route, elle a continué son oeuvre.
Ils savent aussi que l’après indépendance n’est pas rose. Les routes sont détruites, les hôpitaux n’existent plus, les usines sont devenues des sièges des églises « pentecôtistes ». Ils savent que les chemins de fer sont avalés par les brousses. Ils savent que les villes sont de dépotoirs publics. Ils savent que Léopold II a crée l’emploi, et que ses successeurs noirs, des « débâtisseurs » des empires, eux aussi, ont tout détruit. Là où Léopold II a mis les sources d’eau potable avec le Fond du bien-être indigène, il n’en existe plus. Les maladies tropicales sont revenues partout!
Dans ces conditions, selon le pouvoir en place, ériger les stèles des héros historiques, c’est donc réveiller les chats qui dorment. C’est susciter les regards des « jeunes congolais » sur le passé heureux qu’ils cherchent à revivre. C'est construire un miroir du passé, dans lequel les Congolais peuvent se regarder et regretter !
Pour éviter des démons, le pouvoir a donc ordonné la levée immédiate de la stèle du Roi bâtisseur, pour que les autres Rois ne reviennent pas troubler les nuits des Congolais,déjà marquées par des cauchemars.
Muzungu a fait donc une gaffe. Quelle mouche l’a piqué ? Il sans doute la nostalgie. Mais une nostalgie non partagée par tous. Au revoir Léopold II. A bientôt peut-être.

Les rangs des opposants s'est grossi, le pays pénètre dans l'incontrôlable zone

MISE EN LIGNE LE 13 JANVIER 2005 | LE SOFT N°809 | DATÉ LUNDI 17 JANVIER 2005.
On savait, dans la Capitale, l'heure de vérité proche, l'affrontement imminent. Toutes les conditions avaient été réunies: l'absence de volonté de conduire le pays aux élections à la date dite - en dépit d'affirmations entendues, nul n'était pas au courant de ce que tout le monde savait, à savoir, que le report des élections avait été décidé par le Gouvernement et par… la Communauté internationale - les ambassades à Kinshasa n'en faisaient plus mystère - et il ne restait plus qu'à ce que quelqu'un prenne le courage et l'annonce

C'est l'abbé Appolinaire Malu-Malu, président de la CÉI, la Commission électorale indépendante, qui se sera risqué de porter le chapeau en se déconsidérant...

Des ministres parmi les plus fougueux - Joseph Olenghankoy des FONUS et Eugène Diomi Ndongala Nzomambu de la Démocratie Chrétienne - venaient d'être limogés par le chef de l'État alors que le statut d'un autre, non moins fougueux, José Endundo Bononge du MLC, révoqué de facto par le président de la République lors de la dernière publication, le 3 janvier, du nouveau Cabinet, était à la base d'un bras de fer entre le président de la République et l'un des quatre Vice-présidents de la République, Jean-Pierre Bemba, et dont nul ne savait, pour l'heure, qui allait l'emporter sur l'autre.

Déjà, l'UDPS et Étienne Tshisekedi wa Mulumba, tenus hors de la transition, de même qu'Antoine Gizenga, avaient annoncé les couleurs: pour eux, il ne sera guère question de prolongation de la transition. Au 30 juin 2005, les institutions actuelles, qui auront échoué à réaliser le but de la transition, à savoir, conduire le pays aux élections, devront quitter la scène et, pour l'UDPS, céder la place à Étienne Tshisekedi.

Tout ce beau monde ne pouvait que se retrouver et formaliser une alliance sinon stratégique, du moins tactique: démontrer l'incurie des institutions actuelles par une manifestation monstre, type insurrection et émeutes dans la Capitale... Ce qui fut fait.

Il faut ajouter les actes de corruption perpétrés par des ministres et P-dg - et, certainement, par l'ensemble de membres des institutions de la transition - qui disqualifiaient encore plus le régime...

Il aura été jusqu'à faire jouer un curieux rôle au président de l'Assemblée nationale de transition, Olivier Kamitatu Etsu. Celui qui aura conduit jusqu'aux fonts baptismaux la Commission Bakandeja à la base de la série de révocations - dont celle de José Endundo Bononge - se sera donc dédit spectaculairement en choisissant - en avait-il le choix, sinon celui de quitter les rangs de son Mouvement, le MLC? - les thèses de ce MLC, qui précisément s'oppose à la Commission.

Ce faisant, que reste-t-il de la Commission Bakandeja? That's DRC...

Dans ces conditions, les déclarations de l'abbé Malu-Malu - that's DRC... -, qui aura brillé par un manque de tac politique, ne pouvaient que mettre le feu aux poudres.

Car, si tout le monde savait ce que tout le monde savait, n'était-il pas souhaitable d'attendre d'engager un débat politique, dans les règles, en bonne et due forme, c'est-à-dire, au Parlement (les deux chambres réunies), préparer ainsi l'opinion publique, par des arguments motivés, plutôt que de se saisir en solo du micro d'un média étranger – la fameuse Rfi, toujours ce complexe infantile face à l'étranger et à son média d'importation?

Au total, les émeutes et insurrections de lundi 10 jenvier auront fait entre 4 et 19 morts, selon les sources et plusieurs dizaines d'arrestations. En même temps que la paroisse catholique Saint Boniface a été saccagée et un siège local du parti présidentiel, le PPRD, a été incendié...

Et le régime (ainsi que sa formule 1+4) en sort encore plus affaibli.

Tout le monde en convient: l'heure de vérité a sonné. Avec la montée en puissance dans les rangs des opposants, le pays pénètre dans l'incontrôlable zone: celle où tout est permis. Tout...

Pourquoi l'expérience des pays de l'est - dont celle toute récente de l'Ukraine - et, même, de Côte d'Ivoire de Laurent Gbagbo, n'inspirerait-elle pas les R-dCongolais? Sauf si la barre est tenue - comment le serait-elle face à tant de démons? -, désormais, à Kinshasa, tout - tout - est envisageable. T. MATOTU.
lesoftonline.net 13/01/2005

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Kabila chez Kadhafi ce mardi 28 décembre 2004.

La diplomatie de "moi aussi je t'aime" Blaise Sary Ngoy S'il y a un dirigeant africain dont le comportement reste incertain, c'est bien M. Kadhafi. Au pouvoir depuis 1969, il défie les pronostics des observateurs qui prédisaient sa fin, depuis qu'il était dans le collimateur des Etats-Unis. Soupçonné de prêter main forte aux terroristes, il est resté isolé de la Communauté internationale plus de 15 ans, suffoquant mais sans faire des grimasses, toujours certains de sa victoire militaire sur le mal qu'est, selon lui, l'Occident.Aujourd'hui, il est devenu fréquentable. Jacques Chirac, Silvio Berlusconi et Tony Blair lui ont rendu visite. Et ensuite ce fut le tour du premier ministre canadien Paul Martin. Durant cette période de l'isolement, sa politique extérieure a été essentiellement et nécessairement orientée vers l'affermissement des liens avec le monde arabe et le monde africain. Mais cette politique vis-à-vis de l'Afrique noire, reste marquée par des traits que l'on ne peut pas qualifier avec exactitude. Tantôt, qualifié d'aumônier par certains, il a aussi été accusé d'être le pourvoyeur d'armes et le commanditaire des coups d'Etat contre d'autres dirigeants africains. On a cité son nom en Côte d'Ivoire, au Tchad, en République centre africaine, au Libéria, en Sierra Leone, en Somalie. Bref, partout où existent des tensions de tout genre, le nom de Kadhafi était cité comme instigateur ou modérateur, etc. Qu'on se rappelle de la bande d'Aouzu, de son soutien aux Touaregs et aux Toubous, etc. Trois thèses accompagnent ce constat : pour les uns, Kadhafi a des visées expansionnistes. Pour d'autres, son panafricanisme est une tentative de soustraire certains dirigeants de leurs escarcelles occidentales. Tandis que pour d'autres, le bras tendu de Kadhafi à ses collègues africains est justifié par la soif de leadership qu'il se dispute souvent avec certains leaders, notamment Moubarak, Bongo, Mbeki, etc. Les analystes reportent qu'à défaut de faire tomber par la force certains régimes, il n'a pas hésité à financer les campagnes électorales de certains chefs politiques dans le but de s'assurer leur soumission et leur obéissance. Depuis 1997, la thèse de l'unité africaine lui est devenue très chère. L'échec de panarabisme serait l'une des raisons de son rêve de faire de lui le nombril du panafricanisme. En 1999 plus de 40 chefs d'Etat africains ont scellé ce rêve à Syrte. En 2000, il a réussi à imposer son Union Africaine qu'il a pris en charge à 90%.Des arriérés de cotisations à l'OUA ont été payées aussi par Kadhafi. La Libye, déclarait Kadhafi est ouverte à tout le monde. Même sans passeport. Des milliers d'africains noirs ont ainsi envahi le pays jusqu'au moment où la coupe a débordé. Leurs aventures se ont soldése par un retour forcé dans leurs capitales respectives, sur demande des pays européens qui ont estimé que Tripoli était devenu la porte ouverte à l'immigration clandestine des jeunes africains noirs. En ce qui concerne le Congo Kinshasa, remarquons que Kadhafi est resté très méfiant de Mobutu. Non seulement il a financé le séjour des ses opposants à l'époque, dans son pays, il a aussi pris en charge certaines expéditions punitives dirigées contre Mobutu. Qu'on se souvienne. La main de Kadhafi n'était pas absente dans les deux guerres du Shaba et dans les deux attaques de Moba, à l'époque. La déstabilisation de l'Est du pays à l'époque a été aussi tentée par Kadhafi, notamment dans ses accointances avec Bagaza. Des jeunes congolais ont été recrutés jadis et formés en Libye. Parmi eux, on notera ceux qui ont épaulé Ngandu Kisase. L.D. Kabila n'était pas, non plus, inconnu de Kadhafi. Lors de la guerre du Shaba, Kadhafi a concilié Mbumba et Kabila dont la dispute avait occasionné la défaite commune. Lorsque la guerre de l'AFDL éclate, le nom de Kadhafi a été également cité parmi les protecteurs de Museveni et de L.D Kabila. Les premières réunions panafricaines, idéologie qui sous-tendait la coalition entre Museveni, Kagame et Kabila, ont eu lieu en Libye. Au lendemain de la victoire de l'Afdl, les envoyés de Museveni ont sillonné le Congo dans le but de mettre en place des comités panafricains. Si Kadhafi s'est désolidarisé de Kabila, c'est suite à la distance que ce dernier a voulu prendre vis-à-vis de Museveni.Curieux, Museveni et Kagame, bien que tirant leurs idéologies de panafricanisme (cfr. Nyerere), ils étaient en même temps des enfants chéris de Bill Clinton. Durant la seconde guerre dite des « banyamulenge », Kadhafi a observé une double attitude : appuyer la thèse de Kagame (celle de l'espace commun africain), rejetant sur Kabila les intentions malveillantes de vouloir « jeter à la mer les Tutsis du Congo » ; en même temps, il s'est montré attentif à toute possibilité qui le mettait sur la scène des négociations politiques en faveur de la fin de la guerre. Certains observateurs ont compris que Kadhafi était mal dans sa peau chaque fois qu'une crise tendait de diviser les africains entre anglophones et francophones. Pour lui, cette division lui ferait échapper le leadership dont il tant besoin. Les rencontres sont multipliées à l'époque entre lui et Kabila L.D. en vue de contrecarrer les solutions purement francophones. Qu'on se rappelle de la réunion de Syrte. Mais, l'évolution de la situation ayant remis sur la sellette le leadership de l'Afrique du Sud, Kadhafi s'est rangé, non sans se donner le pouvoir s'assumer certains rôles d'une manière solidaire avec l'Afrique du Sud ou avec tout autre pays qui se proposait de parrainer dialogue intercongolais. La guerre ayant officiellement pris fin, Kadhafi devait en principe ranger des armes et laisser les Congolais passer leur transition. Mais depuis deux ans, des rencontres irrégulières s'effectuent entre lui et Joseph Kabila. En 1999 la volonté de tenir une commission mixte a été conclue. En 2003, Kabila s'est rendu en Libye deux fois. En 2004, il s'est également rendu en Libye. Et J.P. Mbemba a également effectué une visite en son nom. Au début, on avait cru que c'était pour lever un malentendu : Kinshasa accusait Tripoli de soutenir militairement J.P Mbemba. Mais au fil du temps, on peut se poser la question de savoir le contenu des réunions qui se tiennent à un rythme régulier entre les deux dirigeants. Sur le plan économique, il n'existe pas grand-chose entre les deux pays. La commission conclue concerne l'examen de la possibilité pour la Libye d'investir dans le domaine routier« build operate transfer », celui des hydrocarbures (pétrole) et des infrastructures hôtelières. L'engagement du gouvernement congolais par contre concerne la l'approvisionnement en eau à l'Etat libyen. Nous ne pensons que ce soit le mobile des fréquentations entre les deux pays. Dans le contexte de l crise actuelle, on peut imaginer que Kabila est allé rendre compte à Kadhafi de l'évolution de la situation, lui priant d'intervenir auprès de Kagame afin que cessent les incursions en territoire congolais. On peut également penser que le renforcement de l'axe Kinshasa Paris Tripoli serait en route, au détriment de l'axe anglo-saxon : Londres, Washington, Kigali. Mais ce ne sont que des spéculations qui vont bon train. Le communiqué officiel de Kinshasa est laconique. Si l'on examine la composition de la délégation qui s'est rendu à Tripoli, de même si l'on examine la durée de la mission, il y a lieu de penser que le sujet concernait la crise de Kanyabayonga. Kabila, serait parti, sur demande de Kadhafi ou sur sa propre initiative chercher un secours diplomatique de l'UA auprès d'un chef d'Etat qui totalise 35 ans de règne à la tête du pays et qui distribue facilement les cartons rouges et les cartons verts à ses homologues. Un mot de sa part suffit pour calmer Kagame. Mais le calme ne signifie rien. Les tensions resteront vives et Kadhafi n'en peut rien dans la mesure où il finance, certes, les tensions, mais n'envoie jamais ses militaires sur le terrain, en vue de soutenir les factions. Autrement dit, les courtes visites de Kabila ont des effets de se rassurer qu'il se soit fait entendre. La raison de Kagame ne passe pas pour la seule vérité celle de Kabila encore moins dans la mesure où Kadhafi porte très peu dans cœur ce jeune président. Il sait également que J.P. Mbemba étant son poulain préféré, il a donc besoin de redire à Kadhafi : "moi aussi je t'aime"!

 

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Les leçons à tirer des batailles de Kanyabayonga


Blaise Sary Ngoy

22 déc.2004. Le malade est encore, encore malade. La cure de Pretoria (accord global et inclusif) ne l'a pas tiré de son lit de moribond ! Il meurt à petit feu. Les sources du mal ? On en compte plus : la trahison au niveau de l'espace présidentiel, le mensonge politique, les non dits sur les intentions de nombreux dirigeants, l'incompétence, la corruption, l'absence de l'intérêt national, le manque d'inspiration dans le chef de ceux qui sont censés diriger les services de renseignements, les excellences et les honorables n'ont plus envie de se noyer, ils se terrent dans leurs fauteuils et se moquent de ceux qui veulent qu'ils aillent vite à la porte de leur sortie ( élections), etc.

Ce n'est pas tout. L'accord lui-même est un truc qui compte des pièges en son sein. Les chefs de files sont inviolables, inamovibles, quelle que soit leur capacité de gestion des crises. La décision de l'unification de l'armée a été prise au hasard !

Nous avons dit, il y a quelques jours que la crise qui éclate à Kanyabayonga est le reflet de la méfiance qui ronge l'espace présidentiel. Nous disons qu'elle est le reflet de l'absence de l'évaluation de la transition. Celle-ce a été demandée, mais, personne ne sait où on en est. Les commissions créées à cet effet se sont diluées dans la nature. Comme d'habitude, on décrète et on tourne le dos. C'est fait et on se contente de « à peu près » !

Par exemple, les ministres ont été « suspendus ». Quelques mandataires aussi ! Puis, c'est le black out. Qu'est-ce qui se passe dans la boîte ? On juge. On juge et on discute à propos des excellences qui revendiquent leur innocence. On cherche à placer de pions ici et là. Qui convient à tel poste ? Qui convient à celui-là ? On se dispute les titres de excellences, honorables, PDG, etc. En somme on calcule ! Entre temps, le pays coule à la dérive. Les caisses sont vidées. Les hôpitaux sont devenus des mouroirs dit-on. Les écoles sont des passoires. Les provinces sont devenues « auto autonomes ». Monsieur X, le gouverneur de… joue au pompier pyromane. Il visite Kanyabayonga, prend la température de « son front » élargi, rédige ensuite la pétition et la transmet à une délégation venue de Kinshasa ! Celle-ci se compose des Députés et des Ministres en charge de « tout ». Et ils vont examiner les plaintes des « mutins » et les transmettront aux autres pompiers pyromanes! En fait, cette crise n'a rien de surprenant. Elle traduit deux choses : la non unification de l'armée nationale et la complicité des réseaux d'influence existant entre chacun des chefs de file avec l'extérieur ou avec les forces dites « négatives ». La diplomatie a joué son rôle de calmer le jeu. La guerre s'arrête à Kanyabayonga. Chaque protagoniste garde néanmoins sa position. Les forces armées congolaises n'iront plus au- delà de leur ligne actuelle. Les « mutins » renforcent leurs pouvoirs locaux, ils demeurent les maîtres du lieu et peuvent en toute tranquillité s'adonner au trafic de la drogue et du coltan. Kagame se rassure aussi d'avoir des chiens de garde, prêts à bondir, il est rassuré de disposer d'une position avancée incontestée à l'intérieur du territoire congolais. C'est une évidence. Les occidentaux ont promis de ne pas le déranger tant qu'il adopte une attitude d'obéissance. Il l'a promis. Kabila Jos peut aussi fermer l'œil. Le statu quo est une meilleure solution qu'une défaite. Les chiens de garde de Kagame peuvent demeurer au Congo. Kabila Jos, lui aussi a, semble-t-il, ses chiens qu'il peut lâcher (les ex Far) chaque fois qu'il jugera nécessaire. Les victimes : populations civiles n'ont qu'à s'en prendre à elles-mêmes ! Il me semble que c'est ça la leçon. Après tout, comment les distinguer des « mutins » ? Ne sont-ils pas ces civils armés qui prennent la défense, dit-on, de leur terroir ? Ne sont-ils pas ces fils armés des Kanyabayonga qu'on appelle « victimes », alors qu'ils sont complices et auteurs de leur macabre sort ? Ils n'ont pas tiré sur leurs toits, mais sur les « étrangers », venus de Kinshasa ! Allez- y comprendre…

Mais pourquoi se battent-ils ? Pour le Coltan ? Oui et non. Oui dans la mesure où ils craignent la mainmise de Kinshasa sur ce morceau du territoire qu'ils considèrent comme un « pays dans un pays ». Non dans la mesure où les commissionnaires de Kigali, de Kinshasa et de Goma sont les vrais tireurs des ficelles.

Et si les solutions durables devaient sauver cette énième bêtise de se produire, c'est à Kinshasa que les linges sales devaient être lavés. Oui, à Kinshasa et à Kigali. Car, c'est là que le mal se nourrit !

Blaise Sary Ngoy


Les vrais enjeux de la guerre larvée dans l'est du Congo


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L'unification réelle de l'armée nationale congolaise est un devoir de toutes les composantes, y compris le RCD.
17. 12.2004

Blaise Sary Ngoy

Il est temps que les chefs de file se disent des vérités. Les Congolais ne sont pas dupes. Les crises qui éclatent au fin fond des villages de l'Est ne sont que le reflet réel des crises qui sont très profondes au niveau de l'espace dit présidentiel. Les griefs formulés par les « mutins du RCD » ne sont pas une pure invention des jeunes. Ils sont relayés par eux. Mais, les auteurs des griefs sont à Kinshasa. On ne doit pas oublier que durant la crise de Katumba et celle de Bukavu, les ténors du RCD, notamment Bizimana, avaient exigé le retrait des troupes déployées à l'Est du pays. La raison avancée est la même : nous sommes les soldats du Congo, nous sommes à même de protéger le territoire, les autres soldats vont pratiquer des sévices et des viols sur nos femmes, ils ne protégeront pas nos familles dans le cas où nous sommes déplacés vers le reste du pays. L'argument n'est pas neuf. Du temps de Kabila Laurent, une faction des militaires Tutsis avait refusé d'être mutés ailleurs. Ils ont été mis en prison. Et aussitôt que la guerre du 2 Août avait commencé, les soldats emprisonnés avaient été libérés et incorporés dans le RCD. Ceci traduit un manque de loyauté. Les ténors du RCD doivent donc savoir qu'un soldat peut être muté. Si le Congo est sa patrie, un soldat ne doit pas exiger qu'il reste dans son coin de naissance et que personne d'autre ne vienne défendre ce morceau du territoire. L'application de l'Accord global et inclusif n'est pas un devoir d'une seule personne. Toutes les composantes qui ont signé l'accord ont une part de responsabilité, y compris le RCD. Le refus d'aller de l'avant des uns ne doit pas être caché derrière le doute de la loyauté de la part des autres. Ce qui se passe à Kanyabayonga aujourd'hui est le reflet du bras de fer entre les chefs de file à Kinshasa. C'est aussi une porte ouverte à toutes les imaginations et dérives. L'histoire se répète.

Pour mettre fin à cette crise, il faut examiner en profondeur un certain nombre de points :

1. Les obstacles qui empêchent l'unification de l'armée

2. Les problèmes posés par la présence des milices armées

3. Les moyens d'améliorer le cadre de travail de l'armée.

En ce qui concerne les obstacles, nous pouvons en distinguer quelques uns, à savoir,

1. Nombreux jeunes hommes qui ont fait la guerre durant les huit années, ne sont pas nécessairement des soldats de carrière. Bon nombre d'entre eux étaient engagés dans la guerre par aventure. Certains ont l'envie d'y rester. D'autres ne veulent pas. Mais profitant de l'absence de pouvoir dans la région, ils préfèrent la terreur, l'usage des armes et le trafic. Ils ne sont donc pas disposés à obéir et ne peuvent nullement accepter d'être mutés ailleurs,

2. D'autre part, il est pratiquement difficile d'avoir une armée nationale composée de plus de 50% des Tutsis. Car, selon les chiffres donnés, le RCD aurait une armée de plus de 100.000 personnes ! Plus de 80% de ces hommes sont d'une même ethnie. Dans ces conditions, si tous sont incorporés dans l'armée nationale, on aura une armée quasi mono ethnique. Il est certain que les autres Congolais ne peuvent pas accepter un tel fait accompli. Les discussions sérieuses et responsables doivent porter sur cette question. Dans la mesure où elle est escamotée, elle reviendra sur la table et d'une manière récurrente. Les soupçons à propos de la présence des Rwandais, dissimulés dans les troupes du RCD sont grands et justifiables. Le fait qu'il est difficile de distinguer un Rwandais d'un Congolais Tutsi est une évidence. L'unification de l'armée exige que cette question soit tranchée. Les vérifications des origines de chaque élément qui désire rester dans l'armée nationale sont possibles. Au Congo, chacun appartient à un village. Et chaque village connaît ses originaires, même s'ils sont nés ailleurs, dans des villes. Mais, il faut beaucoup de tact, dans le strict respect des Droits de l'Homme*.

3. Cette exigence est aussi valable, en ce qui concerne les soupçons de la présence des Interhamwe et des éléments de ex FAR, des tanzaniens, des zimbabwéens dans l'armée de Kabila.

En ce qui concerne la présence des milices armées, les Congolais doivent exiger de l'ONU, l'application des résolutions prises. Lors des événements de Katumba, le nombre des soldats de la MONUC a été multiplié. Ces soldats ont reçu le mandat élargi de désarmer et de réinsertion des milices. Il est regrettable de constater que les troupes de l'ONU s'enlisent dans l'ordinaire, font leurs promenades de vérification des mouvements des troupes et se limitent à quelques gestes qui n'intimident pas les milices. On est obligé de dire que cette mission est à moitié accomplie. Plus d'une fois, les déclarations contradictoires trahissent la qualité du travail qui est accompli sur le terrain ! Lorsque les soldats de l'ONU n'ont plus aucun respect de la moralité et de l'éthique, on ne peut qu'attendre très peu de choses de leur part. Ces failles contribuent à retarder l'unification de l'armée. Kagame peut avoir raison de dire que l'ONU ne fout rien. Et les preuves sont tangibles. Le conseil supérieur de la défense se doit de poser ses exigences afin que le travail pour lequel ces troupes sont affectées au Congo soit réellement accompli. En ce qui concerne le dernier point, celui relatif au cadre de travail futur, notons qu'il s'agit de s'assurer que la nouvelle armée sera encadrée de manière à ce qu'elle soit capable de répondre à ses devoirs traditionnels. Pour le moment, la moitié des dépenses du gouvernement sont prises en charge par l'extérieur. Si demain, ces aides cessent, des difficultés de tout ordre vont surgir. Nous allons assister à nouveau à un désordre. Il n'est pas exclu que les militaires impayés cherchent à se servir comme du temps de Mobutu.

Il est aussi impensable qu'une telle armée, sans moyens puissent défendre le pays dans le cas où il est attaqué. Il n'est pas exclu, non plus, que les jeunes habitués à faire le trafic de coltan et autres aient l'envie de retourner à leurs amours.
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* Une mise en garde et non des moindres : il faut absolument éviter à tout prix le délit du faciès. Si les Congolais

 tombent dans ce piège, ils n'auront personne pour les tirer de là.

Yamamoto, Flahaut et Louis Michel vont-ils éteindre le feu qui couve

dans ce « no power land » !

 Blaise Sary Ngoy

La semaine qui s'achève et celle qui commence sont toutes deux marquées par des efforts diplomatiques entrepris par les trois hauts responsables occidentaux en vue de mettre fin à la crise qui s'annonce pour la énième fois au Congo. Kagame menace d'envahir le Congo. Les Interhamwe l'accusent de les harceler. Ils sont des réfugiés armés dans le territoire d'accueil ! Ils revendiquent une « mystérieuse alliance des bantus », qui irait de Kigali jusqu'en Afrique du Sud, en passant par le Nigeria. Le but ? Lutter contre le « Tutsi Power » ! Le ventre mou du Congo ? C'est leur Kivu, leur terre dite historique. Mais, en attendant l'unité du grand Rwanda, ils s'unissent et s'opposent, bénéficiant des appuis de tout genre ! Et après ? Personne ne peut dire ce qui sera l'après !

C'est grave ! Les notables du RCD, une des composantes qui dirige le pays s'opposent à l'envoie des troupes à l'Est. Cette revendication est curieusement soutenue par les Hutus et les Tutsis du Kivu ! Autrement dit, chaque faction préfère disposer de sa branche armée qui l'accompagne dans ses turpitudes. Tantôt, ces revendications se croisent, tantôt, elles s'écartent et se contredisent. Mais qu'importe ? L'essentiel est qu'elles trouvent toutes, un terrain fertile qui permet leur développement, à savoir : le vide d'un pouvoir fort à Kinshasa ! Ainsi, ils peuvent organiser une marche pour dire non à l'envoie des militaires loyalistes. C'est un signe qu'à Kinshasa, les rouages de la coordination de l'espace présidentiel sont bloqués par les suspicions réciproques. Or, à l'Est, des villages ont été brûlés. Les paysans sont en brousse ou en forêt. Les étudiants en colère protestent et veulent en découdre avec Kigali. La presse soupçonne Kabila s'être en connivence avec Kagame, depuis la conférence de Ouaga. Une autre opinion estime que Ruberwa trahit la patrie. Il doit apprendre à être loyaliste. Il est membre de l'espace présidentiel, mais il porterait des lunettes qui scrutent l'horizon de cet espace, en faveur de Kigali ! Mais, qui de ces chefs cessera de trahir ? Il y a une semaine, nous nous posions la question de savoir à qui profite le crime ? L'armée n'est pas unifiée pour diverses raisons. Les services de renseignements sont dans les mains des proches parents, et non des professionnels. Les partis politiques sont déjà dans la pré campagne électorale. Ils ignorent que le pays n'est pas encore réellement unifié. Sur le terrain, les seigneurs de guerre sont partout. A Goma, par exemple, Serifuli trône à la tête d'une province qu'il croit devenue autonome ! Dans l'Ituri, les factions armées continuent à terroriser les populations sous la barbe des soldats de l'ONU ! Et quelques part à Kinshasa, il y a un gouvernement, presque fantôme, qui dirige le pays au quotidien et qui se félicite des messages d'encouragement et de condoléance envoyés par les « partenaires » ! Un pas en avant, un pas en arrière. La valse continue. Chacun est maître de son ministère. Les petits fonctionnaires, les mandataires, tous s'opposent à une décision qui viendrait leur couper l'herbe sous le pied ! Nous voilà tous dans la boue d'un « no power land », expression empruntée à un mobutiste , qui ajoute : « l'Est du pays risque de se transformer en Zone tribale, et le pays tout entier si on n'y prend garde, carrément en Zone de non droit ». Il y a des signes indicateurs d'un orage qui pèse lourdement dans le ciel de Kinshasa. Flahaut, Yamamoto et Louis Michel cherchent à le balayer d'un coup de leur baguette. Mais, résistera-t-il contre le vent si lourd et si fort qui s'élève ! C'est possible qu'il soit dissipé, à condition qu'un pilote, nationaliste et patriote, sur lequel ne pèse aucun soupçon, prenne réellement les commandes de cette machine en déperdition ! Question à 1000€ : notre pilote est-il ou vient-il?

Blaise Sary Ngoy Analyste congolais à Bruxelles.- 11/12/2004




 Après le passage de Ruberwa:

Le RCD a perdu un peu de sa crédibilité depuis que Ruberwa s'était replié à Goma.

Par ailleurs, le parti n'arrive pas à rassembler les gens. L'idée que l'on se fait que le RCD reste inféodé à Kigali se renforce chaque jour davantage. Si élections il y a demain, dit-on, ce parti aura du mal à dépasser les 5% des voies. Les disputes à l'intérieur même montrent trois tendances: les pro Ruberwa, les pro Ilunga et les neutres.
Nous entendons aussi dire que les gens du Kivu, nombreux, parmi les parlementaires de RCD n'épousent plus les idées de ce parti.

Ils ne participent plus au renforcement de l'image de ce parti. Ils ont tiré profit du fait de se faire membres, mais dedans, ils ne sont membres que de nom. L'opinion hostile au RCD, de la part des autres originaires du Kivu fait que ses membres ont un profil bas, et probablement, ils ne parviendront pas à mener une véritable campagne en faveur de ce parti. L'absence de collaboration à la tête du parti est un facteur qui va le ruiner aussi.

Blaise Sary Ngoy

Analyste congolais à Bruxelles.- 07/12/2004

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