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Le RCD se sert des alliés comme marchepied!

Les alliés de RCD servent-ils de marchepied?

         Blaise Sary Ngoy

Congodip, 30 juillet 2005. Le titre n'est pas le nôtre, mais de Katebe Katoto. Sénateur et premier vice président de RCD, Katebe Katoto n'a jamais rejoint Kinshasa pour occuper sa chaise de sénateur. Il évoque, dans l'interview qui lui a été accordé la raison de son absence, à savoir : sa sécurité personnelle. Ce richissime homme d'affaire, originaire de l'ethnie Bembe au sud du Katanga n'avait rien qui le prédestinait à la carrière politique. Il est resté dans les affaires depuis la fin de ses études universitaires et y a fait un parcours réussi. L'arrivée de l'AFDL le poussera à l'exile forcé où il vit jusqu'à ce jour. Plusieurs tentatives l'ont conduit à imaginer des solutions de dialogues durant la crise qui  a secoué le Congo. Sa participation officieuse  a été active. La toute dernière est la fusion de son mouvement avec le RCD.

Aujourd'hui, bien que sénateur issu de cette alliance, Katebe désavoue les méthodes de RCD et affirme que le parti de Ruberwa se sert des autres comme ses marchepieds. Il connaît beaucoup de chose. Plus que quiconque, son témoignage est patent. Le bras de fer qu'il a engagé avec Ruberwa l'a poussé à se retirer de RDC.

Si l'on parcourt l'histoire des  va et vient de nombreux congolais au sein de ce mouvement, on peut reconnaître une part de vérité dans les propos de Katebe. Oui. La liste est longue. Lunda, Tambwe Muamba, Edundu , Nyamuisi, Lumbala, etc., tous ont connu l'odeur de RCD. Ils ont résolu par la suite de tourner le dos et de quitter. Les autres sont venus les remplacer. Alliés ou membres effectifs, ils ont beaucoup à dire. Les critiques qui se disent et se redisent sont les mêmes. Le RCD est avant tout un parti des «  Banyamulenge ». Ils sont très attachés à Kigali. Ils ont un dédain pour les autres membres non Tutsis. C'est un parti qui partage très peu. La lutte menée leur concède plus d'avantage. Ils ne se soucient pas de critiques contre les méthodes peu démocratiques qu'ils adorent. Ils préfèrent placer les leurs à tous les postes importants. Ainsi, on trouve une seule tribu  à tous les niveaux : diplomatie, entreprises, gouvernement, police, armée, sécurité, institutions citoyennes,  territoriale, etc.  C'est comme si le RCD équivaut à une seule tribu. Les autres membres ne sont que des figurants. Ils luttent pour se faire entendre, mais ils n'ont pas les moyens pour faire éclater le mouvement. Le président trône. Il consulte très peu. Le partenariat avec les autres partis prévoit les rencontres tous les trois mois. Mais, ces rencontres n'ont eu lieu que une ou deux fois depuis le début de la transition.

Lors des nominations, Ruberwa consulte quelques membres dits «  fondateurs ». Il se moque du reste et ne présente aucun intérêt pour les alliés. Les avis ne comptent pas. Souvent, il donne l'impression d'être préoccupé par la transparence et la bonne gouvernance du pays. Mais il ignore la bonne gouvernance lorsqu'il s'agit de lire les critiques concernant la gestion de son parti. Il avait besoin des autres pour se faire accepter à Kinshasa. Aussitôt assis dans son fauteuil, il ignore les alliés et se moque d'eux. Très ambitieux, il écoute très peu et veut se donner l'image d'un homme intègre qui n'a pas besoin des conseils. Il compte sur l'extérieur et il voyage beaucoup, cultivant l'image d'un dirigeant le moins corrompu et capable de redresser le Congo. Les autres, pense-t-il, doivent venir vers lui. Et pas le contraire !Or ces alliés ont un poid qui pèse sur les épaule. Ils doivent s'expliquer pourquoi avoir choisi RDC comme allié. Les images des atrocités dues à la guerre ternisent la crédibilté de ce parti. Celui qui le choisit comme allié s'attend à des demandes d'exolication. Mais, contre toute attente, le parti de Ruberwa ignore cette dimention de son image. Ses dirigeants sont trop certains de leur victoire, à tel point qu'ils ne prêtent pas l'attention à leur probable échec. Or, l'opinion va sans doute mettre dans le même sac: RCD et alliés.

La question que l'on se pose est de savoir comment Ruberwa entend gagner les élections. Il s'est déjà prononcé candidat président de la République. Estime-t-il que son discours suffise à convaincre tous les Congolais ? Estime-t-il que seuls  les «  Banyamulenge » vont réellement le porter à la tête du pays ? Peut-être, il sait que ses ambitions ne vont pas plus loin. Ses calculs consistent à balayer l'avenir. Avec le temps, ses rêves peuvent se concrétiser dans le cadre de fédéralisme ou de décomposition totale du Congo. Rêve non utopique. Car, les querelles et le climat de tension d'aujourd'hui peuvent lui donner raison demain. Après tout, l'après élection peuvent ressembler à l'avant élection. L'avenir du Congo reste compromis. Rien ne rassure que les choses iront le mieux demain. Il est fort possible que les résultats des urnes soient contestés et que le mouvement contamine les provinces, impliquant le retour à la terreur et à l'idée d'une séparation forcée.

Lorsque l'on observe la conduite de Ruberwa, on peut lire à travers ses regards, une discrétion qui passe à peine. Il est septique. Il veut aller jusqu'au bout avec la transition, tout en misant sur son Nord Kivu.

A moins que les Congolais coupent court à cette idée qui germe. A moins que les Congolais, fort de leur unité, se réunissent pour dire «  non ». Mais, ont-ils des moyens ? Pas du tout ! Ils ont le sens de l'unité, mais ils ne peuvent pas défendre jusqu'au bout cette unité. C'est triste.

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La désignation des mandataires se fait attendre: quel est l'arbre qui cache la forêt?  Kinshasa : pourquoi la désignation des mandataires fait couler l'eau sous les ponts ?

22 juillet 2005

Par Blaise Sary Ngoy

Trois semaines, soit 11 jours de plus, les Congolais attendent les noms des mandataires chargés de gérer les entreprises publiques. La promesse faite par Jos n'a pas porté se fruits. On laisse le temps couler. Pour cause, les négociations qui durent depuis plus d'une année n'ont pas accouché. Les tergiversations à propos de certains postes dits stratégiques : banque, Snel, séparent encore les composantes. Kabila qui se prend pour le garant de la bonne gestion des entreprises publiques ne veut, non plus, voir à la tête de certaines firmes, des têtes qui déplaisent. Il évoque également les autres critères fixés à Sun City, notamment la transparence, l'honnêteté et l'intelligence (savoir faire).

Ce que nous retenons dans ce nouveau bras de fer qu'il a déclanché est le fait que Jos reconnaît finalement que le partage des postes dans les entreprises publiques a été admis dans les accords de Sun City. Or, dès que la commission chargée d'examiner ce volet était mise en route, force est de constater que les délégués de PPRD avaient claqué les portes, prétextant que ce partage n'était pas prévu lors de la conclusion des accords de Sun City.  

Faute de mémoire ou défaut d'en avoir, une courte ? En tout cas, le recul des pas des délégués de PPRD, ça fait plus d'une année démontre que les anguilles cachées sous roches existent bel et bien.

La seconde leçon que nous tirons du refus de signer les listes qui sont proposées par les composantes n'est pas dans le respect des accords, comme le dit hâtivement le plus bard des portes parole, M Kudura, mais dans les manoeuvres dilatoires. Le chef de l'Etat prétend que les femmes ne sont pas bien représentées ! Mais, sont-elles bien représentées dans le reste de partage : ministères, territoriale, armée, police, institutions citoyennes, gouvernorat, cabinets, diplomatie ? Et que veut dire « bien représenter » ? La discrimination positive passe-t-elle avant la désignation des personnes intègres et ayant un savoir faire avéré

Le chef de l'Etat joue-t-il avec les nerfs des composantes, évoquant la place des femmes pour attirer la sympathie et se placer comme l'apôtre des « oubliées » ?

Si nous devons nous tenir au respect des accords de Sun city, nous ne serons pas arrivés là où nous sommes. Ces accords ont été mis en échec à partir du moment où il était dit que les mises en place interviennent six mois après la mise en route du gouvernement. Kabila a laissé passer deux années. Si l'évaluation n'évoquait pas ce point, qui d'ailleurs n'était pas repris dans le discours bilan de Joseph, ce dernier aurait fermé les yeux et outrepassé la question de partage des postes dans les entreprises.

Ce qui est vrai est que Joseph mesure l'apport que ces entreprises apportent à la caisse noire de PPRD. Il sait très bien que chacun des chefs actuels a l'obligation de contribuer à la caisse de son parti. Car, tous se disent membres de ce parti. Laisser tomber ces avantages équivaut à perdre une partie des recettes. La solution est de partager les postes vides et de garder les vaches à lait. Mais n'ayant pas obtenu gain de cause dans tous les cas, Joseph et ses conseillers ont choisi un autre cheval : jeter les femmes des toutes les composantes dans la bataille, laisser couler le temps et nommer, au besoin, les chefs même vers septembre. Pourvu que sa raison soit entendue par des personnes qu'il prétend défendre.

Dans la logique des choses, Jos aurait eu raison si son exigence était liée à une condition que tous les Congolais exigent aussi : éviter de nommer les personnes qui n'ont pas fait preuve de bonne gestion dans le temps, éviter aussi de confier les entreprises publiques à de personnes qui ont failli dans la gestion de leurs propres entreprises, éviter de confier la gestion à des personnes qui, malgré leurs expériences ( les fils des maisons ) ont fait preuve de la cupidité et de détournement.

Or, les échos qui circulent dans la capitale congolaise, informent que les mêmes personnes qui ont détruit l'économie du pays durant la période de Mobutu, se trouvent positionnées à des postes à sous ! Est-ce exact ? Si c'est oui, c'est que Joseph trouve dans ces calculs un atout pour s'opposer au jeu. Il combine ces calculs avec les siens pour retarder les choses et faire profiter à son parti ( s'il en a un), les dernière mannes.

Qu'il pleuve ou qu'il neige, les nominations interviendront. Le dossier qui est important sur la table du gouvernement c'est la sécurité des citoyens, des biens et du territoire. Là aussi, la politique semble l'emporter au détriment des vies humaines.

Affaire à suivre ...

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Les Interhamwe dénouent et renouent les alliances mouvantes à l'Est du Congo

Blaise Sary,

18 juillet2005.Deux années viennent de s'écouler depuis le premier accord de désarmement et rapatriement des Interhamwue, conclu en Afrique du Sud. A l'époque, Jos avait promis de venir au bout de ces forces dites du mal dans un délai de 90 jours. Nous avions très vite signifié que Kabila se mettait la corde au cou. Non seulement il reconnaissait la présence des ces forces au Congo, mais qu'il en était le commanditaire. Or, les conditions de déploiement des militaires congolais dans tout l'Est n'étaient pas réunies. Nombreux d'entre ces milices étaient encore au service de la composante ex gouvernement et que leur abandon pouvait nuire à Kinshasa. Nous avions même estimé qu'ils pouvaient tenter un coup de force s'ils avaient les possibilités. Car, au sommet du pouvoir se trouvent leurs complices Hutus du Congo, de qui ils tirent les informations et le courage. Nous disions à l'époque que leur guerre contre Kigali était aussi la guerre contre les Tutsis du Congo. La décision de les aider à retourner chez eux par la force était une menace qu'ils prenaient au sérieux.

Leur intervention dans la guerre contre les deux rebellions, au côté de Kinshasa, faisait d'eux les « protégés », ce en dépit des attaques qu'ils orchestraient sur le territoire rwandais. Alors que Kagame ne manquait de stigmatiser ces incursions, pointant du doigt la complicité de Kinshasa, sans que Kabila se prononce, les Congolais ont commencé à lire son silence comme une complicité, et ils n'ont hésiter aussi à se poser des questions sur la nature réelle de l'alliance qui faisait des Interhamwe, les enfants chéris du pouvoir, au détriment des fils du Kivu, victimes de deux atrocités : celle de ces mêmes milices et celle orchestrée par Kigali, en guise de droit de poursuite. Le vol, le viol et les massacres ont élu domicile dans l'Est du Pays. On connait les chiffres!

Les efforts de la communauté internationale ont alors entraîné plus de trois fois, Kagame et Kabila à s'accorder sur la résolution rapide de la question de rapatriement des ces forces dites négatives. Fort malheureusement, ces promesses sont restées creuses. Quelques retours volontaires ont donné l'illusion d'avoir répondu à l'attente de la population et de la communauté. Kinshasa s'est félicité d'avoir accompli son devoir, demandant à Kagame de faire le sien; c'est-à-dire, de ne plus justifier ses incursions au Congo. Mais, malgré ce spectacle destiné à distraire, les personnes septiques ont continué à réclamer le retour définitif des Hutus Rwandais chez eux. Kagame proposait à Kabila d'associer au besoin les forces pour traquer ensemble ces milices. Or, Kinshasa considérait qu'il s'agissait d'une proposition indécente, inadmissible et contre la souveraineté d'un Etat.

Mais, l'aide financière dont ils ont bénéficié ayant été coupée, ces milices ayant compris que leur lien avec Kabila étaient devenus fragiles, elles ont tourné le dos à Kabila pour conclure une autre alliance avec les Mai Mai locaux qui n'ont pas trouvé les comptes dans le partage équitable à Kinshasa et qui se sont proclamés « les nouveaux maîtres » des lieux. Ainsi, on les trouve associés tantôt aux milices de l'Ituri, tantôt aux Rastas du Sud Kivu, tantôt aux forces de Mutebuzi et de Nkundabatrware, tantôt aux forces de FPR, sous couvert des « Rwandophones » de l'Est du Congo, en lutte contre l'extrémisme des autochtones. Il convient de noter à ce sujet que ce jeu n'est pas contre nature dans leur entendement. Car, au sein des ces Interhamwe, on retrouve sans doute des jeunes Hutus, originaires du Congo et qui, tantôt se retrouvent dans le RCD, tantôt dans les milices dites négatives de tendance ethnique. Ce sont ces originaires qui compliquent l'équation et brouillent la carte ne permettant pas d'identifier avec exactitude les vrais « Hutus rwandais », encore présent au Kivu.

Cette alliance a essentiellement pour but le contrôle respectif des morceaux du territoire et la paix entre les chefs des guerres dans les zones du coltan et de l'or. Elle permet à chaque milice d'avoir la sphère d'influence et de se donner, au besoin, un coup de pouce dans la sale besogne de lutte contre telle ou telle autre faction lorsque le contrôle des territoires les oppose les unes contre les autres. Il n'est pas étonnant que l'on ait retrouvé à Kanyabayonga, les Hutus mêlés aux Tutsis et aux autres milices, tous opposés contre les forces régulières du Congo, venues au secours des populations meurtries. Il n'est pas non plus étonnant que les chefs coutumiers du Nord et du Sud Kivu tirent aussi les ficelles en recourant à la protection que leur offrent les Interhamwe. Contre la volonté de leurs sujets, ces chefs entretiennent ces forces négatives et partagent avec elles les butins de leurs violences : or, argent volé, bétails et nourriture. Plus d'une fois, les observateurs se posaient la question de savoir comment des milices peuvent d'elles mêmes se cacher dans la forêt et les montagnes de l'Est sans que l'on sache les découvrir. En fait, tout le monde savait où vivent ces milices, comment elles se nourrissent et comment elles opèrent. La peur de la population agressée et la complicité à un très haut niveau étaient donc des garanties de leur invulnérabilité. Tant que les populations étaient certaines de l'inefficacité de la Monuc et des forces régulières de Kinshasa, elles se sont protégées contre les atrocités de ces milices, soit en se taisant, soit en nouant les alliances de sang.

Les Interhamwe ne sont pas à leur première expérience. Chassés par Kagame en 1994, ils sont tombés dans les bras de Mobutu. Celui-ci les a accueilli et les a utilisé dans la guerre contre AFDL. Lorsqu'ils échouent d'arrêter les ambitions de Kabila L.D., ils se dispersent à travers tout le territoire et négocient avec lui l'incorporation dans son armée contre les anciens alliés de l'AFDL, devenue encombrant pour le pouvoir de Kinshasa. Les premiers camps de leur entraînement ont été signalés à l'époque à Kamina. On les a vu aussi au Kasaï et dans le Bandundu. Kagame justifiera le retournement de casaque contre Kabila à cause de cette trahison. Ainsi est née sa volonté de secourir la rébellion dès le 02/08/1998.

Durant la seconde guerre, les Interhamwe, devenus « alliés » de leur ancien « ennemi », à savoir L.D. Kabila, ils noueront en plus de cette alliance, une autre avec les Mai Mai du Kivu. Leurs soldes de 100 $ par personne étaient payées par Kinshasa. Les armes envoyées aux Mai Mai leurs étaient aussi destinées. Le slogan de l'époque était que la guerre sera renvoyée d'où elle était venue ! Rassurés de gagner la victoire et de retourner au Rwanda par la force, ils ont prêté leurs mains et ont combattu dans les rangs des forces régulières de Kabila et dans les rangs des Mai Mai, alliés de Kinshasa.

L'accord de rapatriement forcé se buttait à la conviction morale de Jos. Il ne voulait donc pas cracher dans la soupe qui l'a nourri. Mais, cette attitude a trouvé aussi un écho favorable dans la position du Haut commissariat aux réfugiés. Pour cette agence de l'ONU, les Interhamwe ne devaient pas être renvoyés par la force aux Rwanda. La Monuc avait épousé ce même point de vue. Les trois ont réconforté les Hutus. Ils se sont organisés dans le premier temps, adoptant une attitude docile à l'égard de Kinshasa, ce en vue de se faire « aimer » et de bénéficier de l'asile. Le mouvement a crée sa branche politique et a commencé à revendiquer un retour négocié au Rwanda.

Les leaders politiques ont ainsi trouvé un appui dans nombreuses capitales africaines et occidentales où ils séjournent. Ils tiennent des conférences, disposent des comptes bancaires, se déplacent et achètent des armes, avec l'argent que leurs forces militaires reçoivent de la vente des minerais dans le Sud et le Nord Kivu. On peut donc imaginer l'existence des alliances occultes entre ces milices et les marchands des armes à l'intérieur et à l'extérieur du Kivu. On parle de Hutus Power. Le dernier rapport d'Amnesty International n'est pas loin de la vérité sur ce sujet. Les soldats de la Monuc n'en sont pas du reste. De même, quelques militaires réguliers de l'armée congolaise se retrouvent dans le même jeu. Un mois avant que Kinshasa décide d'aller sincèrement en guerre contre ces milices, le jeu de cache-cache se passait entre ces forces et l'armée régulière. Les soldats de la Monuc qui sont allés dans le fief de ces milices, n'ont eu comme action que de s'observer mutuellement et de prendre distance réciproque. Craignant de croiser le feu, les Interhamwe pratiquent maintenant la tactique de mobilité facile. Ils bougent, s'installent dans un fief, harcèlent, reculent et attaquent. Le but est de gagner du temps, pratiquer la guérilla et inviter les forces régulières à s'enfoncer dans leur labyrinthe. Voilà pourquoi ils désertent les lieux, mais sans désarmer. La prudence est nécessaire. Les observateurs étrangers pensent que les camps sont détruits! Non. Les camps sont devenus mobiles. Ils ont été signalés ce week dernier à Muenga et dans le territoire de Kabambare. Vont-ils trouver les nouveaux alliés ? Orphelins ? Les actes de viol commis et les massacres brisent la sainte alliance des " bantus" que certains de leurs mentors soutiennent. Mais, il est possible qu'ils s'associent toujours aux autres malfaiteurs du coin, toute tendance confondue, pourvu que l'objectif commun soit de saboter les élections et enfoncer davantage la région dans le noir!

Nous ne pensons pas. Les chefs d'Etat, réunis dans le cadre de l'UA ont décidé d'aller en guerre contre ces forces. Washington a emboîté le pas depuis le massacre des 39 personnes brillées dans leur sommet. L'union européenne promet aussi de donner plus de moyens pour bouter ces milices hors d'état de nuire. La Ceeac promet de créer une brigade pour bouter dehors ces milices. C'est une promesse, il reste à savoir comment elle sera entretenue. La réunion de l'UA se tient à Lusaka sur la problématique de la sécurité dans la région. Nous ne sommes pas à la première rencontre. Une liste des promesses est dressée. Mais on oublie souvent qu'à chaque occasion, les protagonistes se revoient la balle lorsqu'il s'agit de mettre en pratique leurs résolutions. Si ces promesses ne tiennent pas, ce sont les élections qui sont menacées. Ruberwa l'a dit. Or, ce qui est certain, c'est que ces Interhamwe vont continuer à jouer le jeu de chat, empêchant la tenue des élections dans cette région. Et ceux qui tirent profit de trafic des minerais leur prêteront la main forte au Sud et au Nord du Kivu.

Blaise Sary

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La réouverture prochaine des ambassades entre Kinshasa et Kigali : les raisons d'espérer

Blaise Sary Ngoy, 23.06.2005

Il se passe un vent doux dans le ciel qui couve les relations troubles entre Kigali et Kinshasa. Charles Murigande, ministre rwandais des Affaires étrangères de Kigali, dont le séjour à Kinshasa n'est pas le premier a annoncé ce week end la prochaine ouverture des ambassades dans les deux capitales. Une telle nouvelle ne peut pas être l'imagination personnelle du ministre. Elle est généralement prise au sommet du pouvoir, lorsqu'elle intervient le lendemain de la rupture des relations diplomatiques entre deux belligérants, comme c'est le cas actuel entre le Congo et le Rwanda. Elle n'est donc pas une fabulation qu'on peut jeter à la poubelle, mais un signe annonciateur de normalisation des rapports entre les deux pays, tel que l'indique la teneur de la lettre de Kigali et dont il est porteur. Certains ont cru qu'il s'agit d'une politique de mains tendues pour arracher du Congo, la voix permettant de nommer un Rwandais à la tête de la BAD. Thèse peu crédible à nos yeux. Les intentions de mettre fin au conflit sont manifestes. Si c'est ainsi, il y a lieu de se rappeler les propos de Kofi Annan. Il disait, après mainte échecs de négociations, qu'il faut laisser les protagonistes de mesurer à l'épreuve jusqu'au moment où ils n'auront plus de moyens nécessaires pour faire la guerre. Les protagonistes ont-ils épuisé leurs sentiments belliqueux ? Ont-ils finalement suivi les conseils des diplomates ? Et si l'on va plus loin, les appuis extérieurs ont-ils cessé dans les deux camps ? Kagame, pense-t-il avoir atteint son but ? Et lequel ? La sécurité de sa frontière ouest ou la sécurité des « rwandophones » vivant au Congo ? Les armes se sont-elles tues autour des mines à cause de l'intransigeance de la communauté internationale qui hausse son ton depuis des mois ? Les ambitions que l'on attribue de faire du Kivu un tutsi land ont-elles atteint les limites ? Sa doctrine dite d'encerclement de l'ennemi dans son propre pré carré jusqu'à l'épuisement est-elle devenue caduque ? Son choix est-il dicté par l'affaiblissement des Interhamwe ? Est-il associé au fait qu'il y a une évolution positive de la transition au Congo ? En tout cas, selon le bon sens d'un chacun, on serait tenté de dire un oui ou un non à toutes des interrogations, avec les risques de prendre les spéculations pour des vérités. Ceci est d'autant vrai que la conduite de Kagame est imprévisible. Il est difficile de croire en sa parole. C'est un caméléon, un calculateur. Dans ces cas, même si ses sentiments sont revenus à la normal et qu'il a jeté à l'oubli ses rêves de donneur (leadership) de la leçon dans la région des grands lacs, il attendra longtemps, avant que partenaires lui cèdent une parcelle de confiance et acceptent sa franchise, même si celle-ci est du fond du cœur. Plus d'une fois, Kagame manqué les rendez-vous africains. Sa politique de chaise vide traduisait le peu d'intérêt qu'il a dans les institutions régionales. Les résultats positifs de la diplomatie Depuis que les deux s'affrontent sur le sol congolais, la diplomatie n'a pas manqué le rendez-vous, chaque fois qu'elle a été sollicitée pour nouer le dialogue ou pour obtenir une trêve. A l'heure où nous couchons ces mots, le conseil de sécurité et de la paix de l'UA se tient pour tenter d'évaluation les résultats de ses dernières recommandations à propos de désarmements des milices Hutus. Il est envisagé le recours au désarment forcé, si nécessaire. Cette décisions fait suite aux négociations parallèles entreprises par Saint Egidio (Italie), il y a quelques mois. Bien avant cette implication de l'Eglise, quatre réunions s'étaient succédées, à New York, à Kinshasa, à Brazzaville et à Goma en vue de répondre départager les points de Kigali et de Kinshasa. A l'époque, fin 2004, Kinshasa estimait que le désarment des Interhamwe était de la compétence de la MONUC. Kigali, par contre estimait que les Interhamwe bénéficiaient de l'appui militaire de Kinshasa pour porter atteinte à la sécurité intérieure du Rwanda. Ces deux positions ont entretenu le climat de suspicion ayant entraîné l'escalade sur le terrain. On se souviendra des attaques des Kanyabayonga et les conséquences que cela a eu. Washington, Pretoria, Abuja et Libreville ont durant l'année 2004 multiplié les contacts, souvent à huis clos entre Kabila et Kagame dans le but de les pousser à abandonner, chacun sa thèse et parvenir à un accord. Ces ballets diplomatiques entrepris ont abouti à la signature d'un compromis ayant pour but la surveillance conjointe de la frontière. Bien que le temps ait été long entre cet accord et son application, Kinshasa et Kigali ont donné des premiers signes d'assouplissement des positions. Les troupes rwandaises sont parties officiellement du Congo. La Belgique a contribué à obtenir de départ, notamment par les différentes prises des positions durant des missions effectuées dans la région, conjointement avec l'émissaire de l'Union européenne. On comprend dès lors que la politique étrangère de Kigali consistant à se faire « aimer » ou à susciter le sentiment de culpabilité dans le chefs des institutions internationales et des gouvernements étrangers, au nom des victimes du génocide s'est essoufflée avec le temps, laissant place aux considérations juridiques. Kinshasa, mis au banc des accusés et plus ou moins isolé par la communauté internationale est sorti de cet état. Les efforts entrepris par les deux ministres des affaires étrangères, chacun avec son style, ont fini par porter des fruits. Nghonda a réussi, avec introduire le principe du respect de la frontière Ets du Congo et de la souveraineté dans les débats, alors que cette même revendication était ignorée durant toute la période de Kabila L.D. De même, l'actuel locataire des affaires étrangères, Ramazani Baya, avec son style de rapprochement bilatéral et de reconnaissance des responsabilités partagées, il a fortement contribué à calmer les tensions trop visibles et qui menaçaient les succès institutionnels remportés par Nghonda. A cette diplomatie officielle, il faut ajouter le travail souvent secret abattu par nombreux chefs d'Etat africains qui, jadis, dans le camp des anglo-saxons, se positionnent aujourd'hui comme des arbitres dans les conflits armés en Afrique. Nous pensons ici à Alpha Omar Conaré, l'actuel patron de la commission de l'Union africaine. Nous pensons aussi aux contacts secrets entre Kagame et Kadafi, aux contacts avec les émissaires britanniques et américaines dans la région. Nous pensons également à l'attitude équilibrée de Condoleeza Rice qui, depuis son arrivée à la tête de la diplomatie américaine, tente de d'inscrire la solution à la crise dans le cadre du dialogue institutionnel, ce en dépit d'une forte assistance militaire de Pentagone au service rwandais d'intelligence et d'investigation depuis la prise du pouvoir par FPR. Les pressions armées de la MONUC et la fin des ambitions des milices Outre les bons points que nous attribuons à la diplomatie, nous notons aussi que les changements positifs dans la région sont dus à la politique de « bâton » que les forces de la MONUC entreprennent depuis quelques mois. Cette politique était longtemps sollicitée. Les ONG et la presse nationale du Congo n'avaient cessé de voir dans l'attitude de la MONUC, un visa donné aux forces du mal. La surveillance de la zone tampon entre les belligérants n'avait pas permis d'obtenir la cessation définitive des hostilités. Il a fallu que la traque des guerriers se fasse avec tous les moyens pour que les jeunes se rendent. Actuellement, la démobilisation porte des fruits, car, plus de 15 mille jeunes se sont rendus. La décision prise par les Interhamwe pour mettre fin aux hostilités a été rendue publique, le lendemain de leur crainte de se foire traiter au même titre que les autres milices. C'est dans cet ordre que s'inscrit le chois des négociations tenues en Italie, même en l'absence des représentants de Kigali. Les résultats obtenus ont mis à nues les revendications de Kagame. L'ennemi visible a plus ou moins découvert son visage. Le chef des Interhamwe a fait le tour des capitales, il a déclaré la fin de l'harcèlement et se dit prêt à se négocier les conditions de retour de ses hommes, probablement sous la pression de l'Union africaine. Kigali ne peut donc plus jeter la responsabilité de non retour de ces « citoyens rwandais » à Kinshasa. Par contre, Kinhsasa demande à Kagame de prendre ses responsabilités. Le refus actuel renforce plus ou moins la thèse de Kinshasa qui consiste à croire que Kigali entretient les milices Hutus dans le but d'occuper d'une manière ou d'une autre l'Ets du Congo. Cette thèse est facilement défendable, dans la mesure où Kabila estime avoir honoré ses engagements de ne plus apporter son soutient aux Hutus. Notons qu'il était souvent pointé du doigt d'utiliser la présence des Hutus à l'Ets contre les Tutsis, pour équilibrer les forces et compenser les faiblesses des militaires congolais. Les préparatifs des élections générales et le non sens de l'alibi de vide du pouvoir Si Kagame a eu à affronter le Congo, avec succès sur la scène internationale, c'est à cause de l'absence d'un Etat de droit. Cette absence due à la guerre et aux autres facteurs internes : décomposition du territoire, faillite de l'économie, crise sociale aigue, corruption, irrédentisme clanique et tribal, etc., a ruiné tout le crédit politique du Congo, depuis le début de la fin du règne de Mobutu. Dès lors, les diplomates et autres officiels du Congo, chargés de négocier la paix, étaient affrontés à l'image négative que les partenaires du Rwanda se faisaient du Congo. Kagame et Musaveni, présentés comme les nouveaux dirigeants de l'Afrique ont tiré les leçons de cette image négative véhiculée par le Congo pour empocher les points et faire accréditer leurs thèses d'un Congo sans Etat. Or, avec l'aide de la communauté international, le Congo est pris en charge pour le conduire vers les élections. Le travail accomplie hôte à Kagame son éternel argument sécuritaire. Les élections devant être tenues à travers tout le territoire, il est évident qu'aucune puissance tutélaire ne peut accepter que Kagame soit à nouveau l'homme qui vient jeter le pavé dans la marre, en interrompant le processus électoral. Swing a fait plusieurs fois les navettes entre Kinshasa, Kigali et Pretoria pour obtenir ce retrait. Ainsi, durant les élections, la présence de ses troupes sur le territoire congolais serait facilement visible dans la mesure où les observateurs neutres sont sur le terrain. Par ailleurs, la peur de voir les « Banyamulenge » jetés à la mer s'éloigne. Certes, le climat des tensions communautaire ne disparaît pas totalement. Depuis deux ans déjà, les « Banyamulenge » sont au pouvoir à Kinshasa. Il est donc intelligent pour Kagame de laisser les élections se dérouler de manière à obtenir par les urnes, les avantages pour lesquels les « Banyamulenge » se sont battus avec les armes. Si son incursion ou son ambition de contrôler l'Ets du Congo persiste, il est évident qu'il entretiendrait chez les autres tribus, le climat de rejet des « Banyamulenge ». Or, ces derniers ont maintenant besoin des assises populaires. Ils ont besoin de se réconcilier avec les autres et de prouver qu'ils ne sont pas à la solde de Kagame. Les observateurs dans la région notent que la cohabitation est possible. Les échanges entre les deux frontières sont intenses. Des réseaux commerciaux et industriels se sont substitués aux paysages d'avant la guerre. Plusieurs entrepreneurs se croisent et consolident leurs rapports d'affaires. Par ailleurs, les accusations portées contre les autres tribus ont porté les fruits. L'opinion se rend compte, avec les visites des inspecteurs de la Cour pénale internationale dans l'Ituri, qu'il est possible d'être jugé pour des crimes de génocide ou de non respect des droits de l'homme. L'arrestation des chefs des milices décourage aussi les "va-t-en- guerre". Cette implication des institutions internationales dans la crise, en condamnant toute velléité de rejet ethnique semble avoir joué en faveur du repli de Kagame. Mais, tout en se retirant, il joue le jeu de défier l'opinion internationale et veut mettre à l'épreuve les autorités congolaises, pour mesurer leur capacité à maîtriser les tensions identitaires et à se mettre au- dessus d'elles. La présence des camps des réfugiés d'origine congolaise sur son sol n'est pas jugée comme un indice sérieux de crise entre les ethnies. Il s'agit des personnes qui se mettent à l'abri des combats entre les milices. Par ailleurs, le souhait de Kagame serait de voir ces gens participer aux élections, chez eux. S'il excelle dans l'harcèlement du Congo, il prive les voix aux partis dits pro rwandais. Tels sont les calculs actuels. L'impossibilité financière d'entretenir une longue guerre L'économie du Rwanda ne permet pas d'entretenir une guerre de longue durée. Si Kageme a longtemps privilégié la guerre c'est parce qu'il avait les moyens de l'entretenir. Primo, les aides externes reçues, notamment de l'Union européenne, de la Grande Bretagne et de la Belgique (aide budgétaire) ont fortement contribué à entretenir les militaires. Par ailleurs, la guerre elle-même a permis de développer l'économie de la guerre dans les territoires occupés avec l'aide des pays de l'Ets, de la Chine et des services militaires privés. Sans nul doute, ces réseaux et les entreprises étrangères qui ont pillé l'Ets du Congo, puisant le Coltan, l'or , le diamant et le bois , avaient leurs arrières bases à Kigali et à Kampala. Les statistiques de production et d'exportation des ressources pour les deux pays sont éloquentes. Les firmes multinationales installées dans la région devaient des taxes à Kigali et à Kampala. Les chefs de l'armée qui conduisaient la guerre au Congo étaient également impliqués dans ce pillage. C'est qui fait que la guerre comme l'avait dit Museveni et Kagame ne pesait nullement dans leurs budgets. Or, aujourd'hui, la publication des deux rapports de l'ONU qui accablent les troupes rwandaises empêche à Kagame de rééditer l'exploit. Il est plus ou moins privé de ressources qui on permis son armée d'être entretenue sur le territoire congolais et de gagner des victoires. Ceci ne signifie pas qu'il se trouve dans l'incapacité totale de retour au Congo. Sa doctrine militaire est simple : « Nous ne sommes pas nombreux. Nous ne pouvons en aucune manière nous défendre de façon passive. Notre seule façon de nous défendre est de prendre l'initiative et d'attaquer. Notre seule force est l'infanterie avec des armes légères, c'est le mouvement et la surprise pour prendre l'ennemi de flanc ou de revers. Il faut avancer en cercle, prendre l'ennemi en tenaille, encercler ses forces par une guerre de mouvement. Le Rwanda ne peut jamais être attaqué, nous devons faire la guerre sur le terrain des autres ». Autrement dit, Kagame reste sur ses gardes. Il ne veut pas être surpris. On raconte qu'il dispose des agents (espions) qui lui renseignent sur toutes les grandes décisions de sécurité, prises au Congo. Ceci est fort possible. Les renseignements obtenus sont sans doute examinés et inscrits dans le cadre de sa doctrine. Comme il est assez intelligent, il compte sur l'extérieur pour agir. Mais, privé des ambitions d'attaquer à tout moment, il se réserve le droit, mais uniquement dans les cas où il sait justifier son incursion auprès de ses partenaires essentiels. Telle est le cas qui est arrivé lors de l'incursion à Kanyabayonga, à Kayina, à Walikale et à Bweremana. La tactique avait consisté à faire l'incursion à l'intérieur du territoire congolais, éviter les objectifs militaires, mais détruire les arrières bases à partir desquels les Interhamwue opéraient leurs attaques contre le Rwanda. Les victoires gagnées lui font croire qu'il dispose de la meilleure armée africaine. L'échec d'établir un hinterland à l'Ets du Congo La thèse n'est pas fallacieuse. Les calculs ont été imaginés par le Pentagone en 1993. Ils ont servi de base aux revendications identitaires dans la région. Mais, la communauté internationale a opposé la fin de non recevoir de cette thèse de démembrement de l'Ets du Congo. De même, les deux opinions nationales (rwandaise et congolaise) en ont assez de voir la guerre se prolonger, sans réellement, savoir pourquoi les belligérants continuent à s'affronter sur le terrain, alors que dans les enceintes des organisations nationales, ils se donnent les mains et se frottent les oreilles, comme pour dire qu'ils se comprennent bien ! Les ONG de défense des droits de l'homme sont très actives. Elles dénoncent les vexations dont sont victimes les populations du Congo. De même, qu'on ne se trompe pas, les citoyens rwandais ne tirent pas les bénéfices de cette guerre. On a cru qu'elle avait pour but de désengorger le Rwanda surpeuplé. Autrement dit, l'Ets du Congo serait une terre d'asile pour nombreux pasteurs et agriculteurs qui n'ont pas de terre au Rwanda. La guerre permettrait une immigration armée. C'est possible. Celle-ci a eu lieu. Elle a encore lieu, même en temps de paix. Les Rwandais traversent la frontière et s'installent au Congo. Mais, la solution à la surpopulation n'est pas pour autant trouvée. Les fermes qui accueillent ces immigrés n'ont pas les capacités illimitées. De même, la solution à la crise sociale, au chômage et au manque naturelle des ressources n'est pas pour autant résolue. Tant que l'agriculture reste la principale source de revenu national et que l'industrie ne décolle pas, les risques des crises internes récurrentes, accouplés avec le taux démographique galopante vont se dresser comme des armes contre le pouvoir. Continuer à forcer une immigration armée parait comme pécher dans les eaux troubles. La résistance des autochtones est féroce. La mesure cause aussi beaucoup plus de tort aux populations congolaises rwandophones. Elles se lèvent contre la nouvelle immigration clandestine et l'accuse d'être la porte des maux et des discriminations dont elles souffrent. A la longue, cette population est prête à pactiser avec les autres tribus pour s'attaquer ouvertement aux nouveaux migrants qui usurpent le titre des « Banyamulenge ». C'est ce qui fait que Kagame ne peut soutenir longtemps, la politique de dépeuplement forcé du Rwanda. L'opposition interne dénonce aussi une telle ambition. Autant des raisons qui militent pour la normalisation des relations entre les deux pays

Pr Blaise Sary
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Espérance et L. Désiré, tous tués par leurs gardes!

        Blaise Sary     Vendredi, 17/06/2005

Hier, les Congolais ont appris avec regret l'assassinat de la sœur du feu L.D Kabila. La scène s'est passée dans la nuit du mardi à 22 heures locales, à la résidence de la victime, au quartier Golf. De loin, nous participons à la douleur que partage la famille. Que son âme repose en paix, dit-on ! La mort est survenue, suite, à une dispute entre le garde du corps et la dame. Ce qui surprenne, c'est la ressemblance ses circonstances de cette mort avec celle de son frère L.D. En effet, le feu Président fut abattu par son garde, M. Rachidi. De même, Espérance a été abattue par son garde du corps. Rachidi était proche de L.D. Kabila. Issu des rangs des Kadogo, il a fait la route avec lui jusqu'à Kinshasa. Kalukila est aussi para militaire. Il est le produit de la FAP (force d'auto défense populaire) mise en place par Kabila, au début de la 2è rébellion. Les Fap ont été dissoutes le lendemain de l'accord global et inclusif. Leur bureau situé sur Kapenda, commune de Lubumbashi est resté ouvert pour quelque temps. Espérance et L. Désiré : c'est comme les Kennedy ? La phrase n'est pas de nous. Elle a été prononcée par Kakudi, devant les journalistes français, pour expliquer son ascension à la tête du pays, le lendemain de la prise du pouvoir par AFDL. Si, pour L.D. Kabila, l'assassinat a été versé dans le registre politique, les juges ont manqué d'aller plus loin, en vue de fouiller les mobiles sociales qui avaient poussé Rachidi et les autres commanditaires à passer à l'acte. Ces mobiles semblent être les mêmes que ceux qui ont poussé Kalukila à tirer à bout portant sur sa victime. L'enquête est en cours. Il peut durer des mois. Les juges écartent le crime passionnel. Le garde vivait dans la même maison que sa victime. C'est peut-être trop dire. Il vivait probablement dans l'annexe de la villa. A moins d'admettre la thèse de " makango". Sinon, aurait-il été payé par les « ennemis » pour tirer sur la sœur de L.D. Kabila ? Si oui, qui seraient ces « ennemis » ? Les Katangais ? Les politiciens en mal de pouvoir ? Les expatriés ? En tout cas, cette piste est un cul qui n'amène pas nul part. Espérance ne faisait pas de la politique. Si ce crime peut-être mis sur ce compte, on peut se poser des questions de savoir pourquoi elle, et pas d'autres membres de famille ? En moins de dire que c'était la cible à la portée des mains des « ennemis ». La seconde piste serait celle qui conduit au monde des affaires. La victime gérait la ferme héritée de son grand frère. Elle était aussi à la tête d'autres "affaires". Elle cultivait les semences et les revendait auprès des autorités régionales. Lors de notre visite sur place, nous avons pu rencontré certains des ouvriers. Espérance avait réussi à se mettre à la tête d'un grand syndicat des fermiers. Ces derniers lui remettaient la récolte pour la commercialisation. Le paiement se faisait également par son intermédiaire. Les plaintes se faisaient courantes. Car, les versements prenaient souvent des mois de retard. Mais, ces retards peuvent-ils expliquer la décision d'éliminer Mme Espérance? Roulait-elle d'autres fermiers dans la farine? Toutefois, même si c'est ainsi, les fermiers de L'shi ne sont pas encore parvenus à un tel esprit d'aventure à la manière brésilienne. Il reste à explorer d'autres pistes, non les moindres. Kalukila est un membre d'un groupe para militaire. Comme tous les militaires, il aspire à une vie digne. Il s'est fait garde du corps. Cette fonction est prisée par nombreux militaires et policiers au Congo. On les rencontre dans tous les coins des avenues. Ils sont devant les portes, assis sur les bouts des pierres ou des chaises, somnolant. Ils sont dans les voitures des « patrons » ou devant les grilles, pendant que les chefs causent avec leurs amis dans les maisons. Sans exagérer, chaque politicien qui en veut, en a un ou deux. De même, chaque « patron » qui en veut, peut en avoir autant ! Faites les comptes, vous avez des milliers. Qui affecte ces jeunes ? Leurs chefs. Un commandant. Les mobiles ? C'est l'argent. Le garde du corps touche deux fois. Il touche la solde et la prime versée par son « patron ». Ca fait de l'argent pour des jeunes dont la solde est à peine de 10 dollars. En plus de sa prime que le « patron » détermine, le garde du corps est censé manger à l'hôtel, entendez, la maison du patron. Ne dit-on pas que qui travaille à l'hôtel mange à l'hôtel ? J'en ai vu, des gardes à qui la nourriture était tendue dans un coin de la villa, loin de son patron. Il ne rentre chez lui que lorsque son chef le libère, à la fin de ses journées. D'autres, célibataires, passent les nuits dans les couloirs des villas des « patrons ». Il arrive de fois, qu'ils accompagnent les chefs dans les « aventures nocturnes ». Certains « patrons » qui ne le sont que de nom traitent leurs gardes comme des chiens de garde. Ils ne paient pas. Ils ne les nourrissent pas bien. Ils les insultent, etc. Or, ces jeunes sont déjà traumatisés par leurs misères au quotidien. Ils sont entrés dans la police ou dans l'armée, non pas par vocation, mais par nécessité. Kalukila est-il de ceux qui ont le raz le bol ? Etait-il bien traité par Espérance que l'on présente aujourd'hui comme de sa famille ? Qu'a-t-il dit de plus ? Garde-t-il le mimétisme ? Il n'était pas le seul garde du corps. D'autres étaient là. A-t-il agi seul ? Etait-il le commandant principal ? En tout cas, tout laisse croire que la piste des mauvaises conditions de travail reste valable. Il est probable que Mme Espérance ait confondu le travail de son garde du corps et les liens de famille, traitant celui-ci comme un petit frère et non comme un agent qui attend son argent ! Nous supposons. Une interrogation demeure. Le Congo est le seul pays où la la sous traitance des services de la police et de l'armée a atteint le comble. Une troupe de théâtre de Kinshasa, du nom de « SAI SAI » y consacre une comédie qui fait le succès ces derniers temps. Les autorités militaires et politiques consacrent leur temps de loisir à cette comédie. Ils ignorent cependant le message. Cette sous traitance est due à la cupidité des chefs. Les gardes affectés chez les privés sont tenus de verser à leur tour une prime aux chefs, en plus de la prime que les locataires versent déjà au sommet. Comme le service plait à tous ceux qui sont dans la chaîne, les « honorables députés y compris », il devient difficile de porter ce « virus » des gardiens sur la place publique. Une seconde leçon à tirer est que la la sous traitance des policiers et des militaires explique l'état d'insécurité urbaine. Ces derniers temps, on déplore au moins un mort par mois dans la ville de Kinshasa. Les fauteurs ne sont que les « hommes en uniforme », dit-on. Une formule courtoise trouvée par les journalistes pour éviter d'appeler le chat par son nom ! Donc, les gardes sont en même temps les causeurs de la mort ! Voilà ce qui est arrivé à Espérance. Elle a choisi d'être protégée par les proches de sa famille pour éviter les surprises malencontreuses, et elle a été tuée par un proche parent. Si l'argent est le mobile, alors, la leçon interpelle tous ceux qui investissent dans les relations claniques.

Comment remédier à cette situation ? Garder les « hommes en uniforme » dans les casernes, payer régulièrement leurs soldes, appliquer la discipline dans les rangs. Eviter la prolifération des armes légères dans les villes. Protéger les citoyens contre les gâchettes faciles des " hommes en uniforme".

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